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Baisse des effectifs, disparition des lieux de consultation

Petite enfance : les spécialistes de la PMI réclament un plan d'urgence

Par Bruno Martrette

En 30 ans, 2000 centres de Protection Maternelle et Infantile ont fermé. Un collectif manifeste le 30 janvier pour sauver ce service de soins de proximité accessible à tous et gratuit. 

Capture d'écran du tract du Collectif "Assurer l´avenir de la PMI"

« Alertez les bébés et les parents : la Protection Maternelle et Infantile (PMI) est en danger ! » C'est le cri d'alarme lancé le 27 janvier par le Collectif Assurer l'Avenir de la PMI (1). Pour ces associations, cette politique nationale de protection et de promotion de la santé de la famille et de l'enfant, ouverte à tous, gratuite et de proximité, est en effet menacée. Un constat inquiétant notamment pour les femmes les plus précaires qui pour beaucoup se rendent dans ces services de PMI pendant leur grossesse ou pour le suivi de leur jeune enfant. Alors, pour préserver ces lieux essentiels, une Journée d'action et de mobilisation aura lieu le 30 janvier dans les rues de la capitale avec pour terminus le ministère de la Santé. Et tous ces manifestants auront un seul slogan à la bouche, celui du Dr Pierre Suesser, président du Syndicat des médecins de PMI (SNMPMI), contacté par pourquoidocteur : « un plan d'urgence pour assurer l'avenir du service public de PMI. »

1 bébé sur 2 suivi en PMI
Aujourd'hui, le nombre de naissances reste à un niveau très élevé en France. La médecine de ville, et a fortiori l'hôpital, ne sont pas en mesure de faire face dans de nombreux points du territoire à tous les enjeux autour de l'enfant. Cette défaillance pendant longtemps a été fort bien palliée par les services de PMI. Si bien que ces dernières années encore, un bébé sur deux de moins d'un an était jusqu'à présent suivi en PMI, et une femme enceinte sur 5 également (source IGAS).
Un renfort indispensable pour les hôpitaux car la liste des missions essentielles assurées par les services des PMI est longue : consultations médicales préventives, visites à domicile, bilans de santé en école maternelle, soutien aux familles. Mais les services de PMI réalisent aussi des vaccinations, des actions de dépistage, du soutien à la fonction parentale, ou encore de l'accompagnement et de l'éducation pour la santé dans des situations de handicaps et de maladies chroniques.

Un système qui repose bien évidemment sur la pluridisciplinarité des différents personnels intervant dans ces services. Parmi eux, des médecins, puéricultrices, sages-femmes, psychologues, conseillères conjugales, etc...

Ecoutez le Dr Pierre Suesser, pédiatre du service de PMI à Bondy (93) : « Aujourd'hui cette politique nationale qui a fait ses preuves comme approche globale de la santé de l'enfant de la famille est menacée. Nous tirons la sonnette d'alarme ! »


Les délais de rendez-vous s'allongent 
Depuis 10 ans, les services et les équipes de PMI sont fragilisés dans de nombreux départements : beaucoup de consultations de nourrissons et de femmes enceintes, et de planification familiale, de bilans de santé en maternelle, sont supprimés. Les délais de rendez-vous s'allongent. Le suivi d'enfants après 2 ans se restreint. Les visites à domicile en pré et post-natal se raréfient.
En outre, on ne compte plus les postes vacants, s'agissant surtout des médecins, mais aussi des puéricultrices, des sages-femmes... Résultat, le nombre de médecins de PMI qui était de 2250 en 20098 est passé à 2080 en 20119 (source : DREES). 

Par ailleurs, le périmètre de la PMI est réduit dans un nombre croissant de départements à certaines missions (protection de l'enfance, modes d'accueil) en délaissant le champ global de la prévention.


Plus de 2000 lieux de consultation ont fermé en 30 ans

Pour expliquer ce constat, les acteurs de la PMI évoquent le désengagement de cette politique de santé publique de l'enfant et de la famille par les ministères de la santé successifs. Et les départements se sont souvent peu investis dans cette mission de santé. Enfin, comme les médecins sont peu sensibilisés dans leur formation aux missions essentielles menées par les PMI, et qu'en plus ces professionnels sont parmi les plus mal remunérés, une baisse des vocations se fait sentir. 


Ecoutez le Dr Pierre Suesser : « Le nombre de points de consultation qui était de plus de 6500 il y a 30 ans et tombé à 4300 en 2011 !...»


Des mesures d’urgence pour sauvegarder la PMI 
Alors, pour remédier à la menace qui pèse sur les services de PMI, le Collectif qui aussi lancé une pétition (signée par près de 8000 personnes) plaide pour la création d’une instance nationale pour la promotion et la protection de la santé familiale et infantile chargée d’impulser une politique nationale de santé de l’enfant et de l’adolescent, de la famille, en lien avec les conseils généraux, les ARS, les CPAM et tous les partenaires.

Par ailleurs, ces acteurs demandent la mise en place rapide d'un plan d’urgence pour accroître la démographie des professionnels de santé intervenant en PMI. Cette dernière passe bien évidemment par une revalorisation des statuts et rémunérations, une formation initiale et un accès au développement professionnel continu, et enfin des modalités de recrutement adaptés, précise le communiqué.
Enfin le Collectif réclame un accroissement du financement de la PMI, de la part des divers acteurs que sont l’État, les ARS, l’Assurance maladie et les collectivités locales. 

(1) ACEPP (Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels), ANAPSY-pe (Association Nationale des Psychologues pour la Petite Enfance), ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes), ANSFT (Association Nationale des Sages-Femmes Territoriales), ATD Quart Monde, Fédération CFDT-Interco, Fédération CGT des services publics, CSF (Confédération Syndicale des Familles), FNEJE (Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants), SNMPMI (Syndicat National des Médecins de PMI), SNUCLIAS-FSU, SUD collectivités territoriales, UFNAFAAM (Union Fédérative Nationale des Associations de Familles d’Accueil et Assistantes Maternelles), UNIOPSS (Union Nationale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux).