- Les taux de pensées suicidaires ont grimpé en France entre 2020 et 2022.
- Les enfants pour leur part ont affiché plus de difficultés émotionnelles en 2022.
- Les difficultés financières, un faible soutien social et les discriminations subies sont fortement liés à la présence d’un syndrome dépressif.
L’épidémie de Covid-19 a eu un impact important sur notre quotidien et sur notre santé, notamment mentale. Une nouvelle étude - élaborée par le service statistique des ministères sociaux (Drees) et l’Inserm, avec Santé publique France et l’Insee – dresse le panorama de la dégradation de la santé psychique post-covid en France. Les pensées suicidaires sont plus nombreuses, tout comme les difficultés émotionnelles pour les plus jeunes.
Santé mentale post-covid : une hausse des pensées suicidaires en France
Afin de mesurer les répercussions de l'épidémie de coronavirus sur les Français, environ 64 000 personnes d’au moins 15 ans ont été interrogées entre mai 2020 et décembre 2022. Le 4e et dernier volet de cette enquête, publié ce mercredi 4 juin 2025, révèle une hausse des pensées suicidaires entre l’automne 2020 et celui de 2022. Chez les adultes, le taux est passé de 2,8 % à 3,4 % en deux ans.
"Une progression qui concerne pratiquement tous les âges, mais qui est particulièrement marquée chez les femmes âgées de 18 à 25 ans : près de 9 % d’entre elles déclarent à l’automne 2022 avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois, une proportion en progression de +2,4 points par rapport à 2020". De plus, s’ils semblaient jusqu'à présent relativement épargnés, les jeunes hommes affichent aussi une hausse des idées noires. Plus de 5 % d’entre eux sont désormais concernés, soit une augmentation de 1,3 point par rapport à 2020.
Les experts notent également un léger recul des syndromes dépressifs entre 2021 et 2022 (- 1 point). Ce dernier est lié à une décrue des syndromes légers chez les adultes. En revanche, les syndromes majeurs, évocateurs d’une dépression caractérisée, ont stagné, avec 5,3 % de la population touchée.
Toutefois, il y a une grande disparité selon l’âge. "La prévalence des syndromes dépressifs est revenue à un niveau inférieur à celui de 2019 pour les 35 ans ou plus, et même inférieur à celui de 2014 pour les 65 ans ou plus. À l’inverse, alors même qu’elle avait déjà fortement progressé entre 2014 et 2019 pour les 15 à 24 ans, cette prévalence demeure beaucoup plus élevée en 2022 que juste avant la crise sanitaire", expliquent les auteurs.
Les enfants âgés de 5 à 17 ans présentent de leur côté davantage de difficultés psychosociales. "La proportion d’enfants avec des difficultés d’ordre émotionnel (tristesse ou anxiété) augmente sur la période (été 2021 à automne 2022, NDLR), passant de 12 à 16 %. Ici encore, cette augmentation concerne plus particulièrement les filles, bien qu’elle concerne également les garçons", précise le rapport.
Syndrome dépressif : un trouble multifactoriel
L’étude fait aussi le point sur les facteurs de risque du syndrome dépressif. La situation financière est l'un des principaux. "Parmi les personnes déclarant une situation financière difficile, plus d’une sur cinq présente un syndrome dépressif, contre 6 % parmi les personnes sans difficultés", indique le rapport. Le manque de soutiens sociaux et les discriminations subies (âge, sexe, origine, poids, handicap, sexualité) sont d’autres facteurs de risque.
De plus, cette enquête pointe une nouvelle fois encore le rôle des écrans dans la dégradation de la santé mentale, notamment des femmes de moins de 30 ans. "Une exposition aux écrans plus de six heures par jour, hors raisons professionnelles ou scolaires, et la consultation des réseaux sociaux au moins une fois par heure sont associées à une plus forte prévalence du syndrome dépressif", notent les auteurs.