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Oncologie

Les PROTAC, une réponse au défi thérapeutique du cancer chez les enfants ?

Par Geneviève Andrianaly

En éliminant les protéines responsables de maladies, notamment celles à l’origine de cancers infantiles difficiles à traiter, ces molécules pourraient offrir une alternative plus précise et moins toxique pour les jeunes patients.

SewcreamStudio/iStock
Les PROTAC ou Proteolysis Targeting Chimeras sont des molécules qui lient "des protéines associées à des maladies dans des cellules humaines à une enzyme qui les marque pour les détruire."
Des protéines de fusion, qui résultent d'un type d'erreur génétique souvent présent dans le cancer, ont été ciblées par des scientifiques et vont faire l’objet de tests.
"De telles collaborations universitaires de grande envergure sont essentielles pour progresser dans la lutte contre les cancers infantiles."

Dans l’Hexagone, près de 2.300 enfants et adolescents, dont 1.800 de moins de 15 ans, sont touchés par un cancer chaque année, selon l’Institut Curie. Les plus fréquents sont les cancers de la moelle osseuse et des ganglions (leucémies, lymphomes) et les cancers du cerveau (tumeurs cérébrales). Chez les jeunes, les tumeurs sont beaucoup plus rares et donc très différentes. En raison de leur spécificité, il est nécessaire de les prendre en charge dans des structures expertes. "Malgré les progrès de la recherche, le cancer reste la deuxième cause de mortalité chez l’enfant de plus d’un an en France, après les accidents. Chaque année en France, 450 enfants et adolescents meurent encore du cancer", selon l’AP-HP.

Les PROTAC éliminent les protéines responsables des maladies

Récemment, une nouvelle solution thérapeutique suscite de l’espoir. Il s’agit des PROTAC ou Proteolysis Targeting Chimeras (chimères ciblant la protéolyse). Ces molécules ont été mises en avant par Yael Mossé, oncologue pédiatrique à l'hôpital pour enfants de Philadelphie, qui travaille sur le neuroblastome (un cancer infantile qui se développe dans le tissu nerveux hors du cerveau) depuis plus de vingt ans. Fabriquées en laboratoire, celles-ci permettent de dégrader les protéines responsables de maladies, alors que les médicaments classiques ne font qu'inhiber leur activité. "Les PROTAC y parviennent en liant des protéines associées à des maladies dans des cellules humaines à une enzyme qui les marque pour les détruire."

Depuis 2019, l’efficacité d’au moins 30 PROTAC a été testée dans le cadre d’essais cliniques. "Les trois plus avancées, pour le cancer du sein, le cancer de la prostate et la leucémie, sont en phase III, dernière étape avant l'autorisation de mise sur le marché. La plupart dégradent les protéines ciblées par des médicaments déjà approuvés." Désormais, Yael Mossé et son équipe veulent désormais des PROTAC contre des protéines non traitées responsables du neuroblastome et d'autres cancers infantiles, notamment ceux du cerveau, du foie et des os. "Tous ces cancers forment des tumeurs solides." Selon eux, les premières molécules entreront en essais cliniques dans les deux prochaines années.

Cibler les protéines de fusion : "il existe un potentiel"

Une équipe de scientifiques britanniques, autrichiens et français ainsi que des défenseurs des droits des patients sur les cinq continents, ont ciblé trois des protéines, qui résultent d'un type d'erreur génétique souvent présent dans le cancer. "Le croisement, la rupture et la réparation des chromosomes peuvent donner naissance à un nouveau gène hybride – une fusion génique – possédant des séquences des deux gènes d'origine. Les protéines de fusion ainsi obtenues sont la cause directe de nombreuses leucémies, lymphomes et tumeurs solides infantiles. Deux de ces protéines de fusion sont à l'origine du sarcome d'Ewing et du rhabdomyosarcome, des cancers infantiles dévastateurs des os et des tissus mous. La troisième est responsable d'un cancer rare du foie", peut-on lire dans un communiqué.

Selon Charles Mullighan, hématologue au St. Jude Children’s Research Hospital de Memphis, les protéines de fusion, qui persistent à mesure que les cellules tumorales évoluent, sont des cibles intéressantes. C’est pourquoi avec ses collègues, ils testent des PROTAC et des dégradeurs de protéines similaires pour les cancers du sang et les tumeurs cérébrales infantiles. "Il existe un potentiel, mais un seul médicament pourrait ne pas suffire. Les cancers sont rusés et peuvent trouver des solutions." En parallèle, des chercheurs du Cancer Grand Challenges s'attaquent aux tumeurs solides infantiles. Un groupe travaille sur les agents de dégradation des protéines et les thérapies cellulaires, tandis qu’un autre se concentre exclusivement sur les thérapies cellulaires. "De telles collaborations universitaires de grande envergure sont essentielles pour progresser dans la lutte contre les cancers infantiles."

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