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QUESTION D'ACTU

Immunothérapie

Cancers digestifs : et si la chirurgie n'était plus une fatalité ?

Un traitement par immunothérapie seul a permis à des patients atteints de cancers du rectum, de l'estomac ou encore de l'œsophage d’éviter la chirurgie et la chimiothérapie.

Cancers digestifs : et si la chirurgie n'était plus une fatalité ? Gumpanat / istock




L'ESSENTIEL
  • Un essai clinique a montré que l’immunothérapie seule, avec le médicament dostarlimab, pouvait faire disparaître certains cancers sans chirurgie ni chimiothérapie.
  • Chez des dizaines de patients porteurs de mutations génétiques spécifiques, les résultats ont été spectaculaires, avec une absence de récidive après cinq ans.
  • Bien que coûteux, ce traitement représente un espoir majeur pour une prise en charge moins invasive et plus ciblée.

C'est une prouesse thérapeutique qui pourrait révolutionner la prise en charge de certains cancers en évitant des interventions lourdes et risquées, comme des ablations d’organes. Au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center (MSKCC), à New York, une équipe de chercheurs a récemment testé un traitement d’immunothérapie seul, sans chirurgie ni chimiothérapie, chez des patients atteints de tumeurs avec mutation des gènes de réparation de l’ADN. Le médicament administré, le dostarlimab, a donné des résultats spectaculaires, selon leurs travaux publiés dans The New England Journal of Medicine et relayés par The New York Times.

Une alternative efficace à la chirurgie

Sur les 103 patients inclus dans l’essai clinique, tous porteurs de tumeurs dites sensibles à l’immunothérapie, les scientifiques ont choisi de n’utiliser que le dostarlimab, un anticorps monoclonal. "Vingt ou trente ans plus tôt, l'idée de traiter de grosses tumeurs sans opération aurait relevé de la science-fiction", témoigne le Dr Bert Vogelstein (Université Johns Hopkins). Et pourtant, les résultats sont là : chez 49 patients atteints d'un cancer du rectum, les tumeurs ont disparu complètement, sans récidive cinq ans plus tard. Même constat pour 35 patients sur 54 atteints d’autres cancers (estomac, œsophage, foie, prostate, utérus...). Au total, "80 % des patients ont été traités avec succès par l'immunothérapie seule", résume un communiqué du MSKCC.

Parmi les volontaires, Maureen Sideris, 71 ans, a découvert son cancer de la jonction œsophage-estomac en 2022. On lui a proposé chirurgie lourde, radiothérapie et chimiothérapie. Mais son profil génétique lui a permis d’intégrer l’essai. "Dès janvier, la tumeur avait disparu, se souvient-elle. J’ai un traitement hormonal pour mes glandes surrénales, mais c’est un faible prix à payer pour éviter la chirurgie."

Une explication génétique clé

Si le traitement a été si efficace, c'est parce que les tumeurs en question montraient des déficiences de réparation des mésappariements ADN – présentes dans 2 à 3 % des cancers. A savoir des mutations empêchant la réparation correcte de l'ADN, ce qui provoque une accumulation de protéines anormales. Le système immunitaire pourrait les détruire, mais les tumeurs érigent un "bouclier" qui bloquent les attaques. L’immunothérapie agit en perçant ce bouclier, permettant ainsi aux défenses naturelles de faire leur travail.

Pour le Dr Michael Overman (MD Anderson Cancer Center), cette approche est "tellement logique que nous devrions la mettre en pratique". Mais le coût reste un obstacle : environ 11.000 dollars la dose (9.700 euros), avec neuf perfusions nécessaires sur six mois. Pour l’instant, le dostarlimab est remboursé dans certains cas (notamment pour les cancers de l'utérus avec mutation des gènes de réparation de l’ADN), mais pas pour tous les types de tumeurs.

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