- Le réchauffement climatique augmente la concentration d’arsenic dans le riz en raison des fortes températures et du CO2.
- Si rien ne change, la consommation de riz pourrait devenir dangereuse et entraîner une hausse des cancers, maladies cardiaques et autres problèmes de santé.
- Les chercheurs appellent à des mesures urgentes pour limiter l’exposition à l’arsenic.
Les Français consomment près de six kilogrammes de riz par an, selon 60 millions de consommateurs. Et pourtant, cet aliment pourrait bientôt devenir dangereux pour la santé, selon une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet.
Riz et arsenic : les fortes températures et le dioxyde de carbone en cause
Les chercheurs ont découvert que le réchauffement climatique rendait le riz toxique. Plus précisément, ce sont les températures élevées et les hauts niveaux de dioxyde de carbone (CO2) qui impactent les rizières et donc, ensuite, l’aliment que nous consommons.
Pendant six ans, les scientifiques ont étudié plusieurs rizières situées en Chine. Ainsi, ils ont découvert que ces deux facteurs - températures et CO2 - transformaient la composition du riz en augmentant le taux d’arsenic qu’il contient.
Cette substance chimique est naturellement présente dans les eaux souterraines de certains pays, dans les poissons, les crustacés, les coquillages, la viande, la volaille, les produits laitiers, etc. Quand les taux sont faibles, ce n’est pas dangereux pour l’Homme. En revanche, quand la concentration est importante, elle peut entraîner des effets graves. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de fortes quantités d’arsenic font croitre le risque de cancer de la peau, de la vessie et des poumons.
“Nos résultats suggèrent que cette augmentation des niveaux d’arsenic pourrait considérablement faire progresser l’incidence des maladies cardiaques, du diabète et d’autres effets sur la santé non cancéreux, indique Lewis Ziska, l’un des auteurs, dans un communiqué. Le riz étant un aliment de base dans de nombreuses régions du monde, ces changements pourraient entraîner une croissance [mondiale] du cancer, des maladies cardiovasculaires et d’autres problèmes de santé liés à l’arsenic”.
D’ici 2050, 13,4 millions de cancers liés à l’exposition à l’arsenic en Chine
Si rien ne change d’ici 2050 en termes d’émission de CO2, les chercheurs estiment que la consommation de riz pourrait même devenir dangereuse, avec une forte augmentation des cas de cancers du poumon et de la vessie. D’après leurs calculs, la Chine devrait connaître le plus grand nombre de cas, avec environ 13,4 millions de cancers liés à l’exposition à l’arsenic présent dans le riz.
"À l’avenir, nous pensons qu’il existe plusieurs mesures qui pourraient réduire l’exposition à l’arsenic”, explique Lewis Ziska. Les auteurs citent notamment une meilleure gestion des sols dans les rizières et un changement des pratiques de transformation. "De telles mesures, associées à des initiatives de santé publique axées sur l'éducation des consommateurs et la surveillance de l'exposition, pourraient jouer un rôle essentiel dans la diminution des effets du changement climatique sur la consommation de riz. (...) Notre étude souligne le besoin urgent d’agir (...) d’autant plus que le changement climatique continue d’affecter la sécurité alimentaire mondiale”.
Cette étude vient rejoindre une autre, récemment publiée dans la revue Risk Analysis. Alors que le riz brun est généralement réputé comme meilleur pour la santé, les scientifiques ont découvert que les taux d’arsenic qu’il contenait, étaient plus élevés que dans le riz blanc.