- Une étude britannique montre qu’un test salivaire basé sur un score de risque polygénique permet de mieux détecter certains cancers de la prostate que les méthodes classiques comme le PSA ou l’IRM.
- Cette approche cible les hommes les plus à risque et permettrait d’éviter de manquer des cancers agressifs tout en limitant les surdiagnostics.
- Ce nouveau test marque une avancée vers un dépistage plus personnalisé et moins invasif.
Chaque année, le cancer de la prostate coûte la vie à des centaines de milliers d'hommes, dont plus de 9.000 en France (en 2021). Pourtant, détecté à temps, il affiche un taux de survie à cinq ans proche de 100 %. Malheureusement, les outils actuels de dépistage, comme le test PSA (antigène prostatique spécifique) via une prise de sang, manquent de précision, entraînant souvent des "faux positifs", des surdiagnostics et des traitements inutiles. Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine propose une nouvelle approche prometteuse : dépister en ciblant le risque génétique, grâce à un simple test salivaire à réaliser chez soi.
Un test ADN pour prédire le risque
Les chercheurs de l'Institute of Cancer Research, à Londres, ont analysé l'ADN (issu de la salive) de plus de 6.000 hommes caucasiens d’origine européenne de 55 à 69 ans, sans antécédent de cancer de la prostate. En s'appuyant sur 130 variantes génétiques associés à cette maladie, ils ont calculé un "score de risque polygénique", selon un communiqué. Les 10 % des participants les plus à risque ont ensuite bénéficié d'un dépistage approfondi combinant PSA, IRM et biopsie.
Résultat, chez ces hommes ciblés par leur génétique, le taux de détection du cancer était de 40 % (contre seulement 25 % des hommes avec un PSA élevé), et plus de la moitié des cas étaient cliniquement significatifs, nécessitant un traitement. Le plus surprenant ? Plus de 70 % de ces cancers n'auraient pas été détectés par les méthodes classiques seules. En clair, des cancers agressifs passeraient inaperçus si l'on s'en tenait uniquement au PSA ou à l'IRM.
Un dépistage personnalisé et moins invasif
Le recours au score génétique a permis de mieux identifier les patients à risque réel, y compris ceux dont le PSA semblait normal. Ainsi, même avec un taux PSA inférieur à 3 ng/mL, certains présentaient des cancers agressifs. En combinant les données génétiques avec les autres tests, la précision du dépistage s'est nettement améliorée (score prédictif AUC de 0,78).
Si cette approche reste à valider sur des populations plus diverses, elle ouvre la voie à un dépistage personnalisé, plus efficace et moins invasif. Le test salivaire pourrait venir compléter les outils de dépistage existants pour mieux identifier les hommes nécessitant des traitements lourds. Il pourrait également encourager le dépistage ciblé chez les groupes à risque génétique élevé, notamment les hommes noirs, dont le risque de diagnostic est deux fois supérieur à celui des hommes blancs.