- Une femme de 47 ans muette depuis un AVC a pu s'exprimer à nouveau grâce à un implant cérébral.
- Ce dispositif non-invasif peut traduire les signaux neuronaux en parole grâce à une IA. Il dispose d'un vocabulaire de 1.024 mots.
- Il doit encore être miniaturisé pour être déployé à grand échelle sur le marché.
Emmurée dans le silence depuis 18 ans à la suite d’un accident vasculaire cérébral, Ann, 47 ans, peut à nouveau partager ses pensées à voix haute avec son entourage. Cette prouesse a été possible grâce à un implant cérébral boosté avec une IA.
Cette expérience a fait l'objet d'un article dans la revue Nature Neuroscience le 31 mars 2025.
Implant cérébral : un vocabulaire de 1.024 mots et une voix recréée grâce à des enregistrements
L’implant expérimental a été mis au point par une équipe de chercheurs des universités de Berkeley et San Francisco. Il se positionne sur la surface du cortex – zone cérébrale dédiée à la parole - et parvient à traduire les signaux des neurones en parole via un ordinateur. La première interface décodait les pensées de l’ancienne professeure de mathématiques en huit secondes. Ce qui est très long pour tenir une conversation.
Mais, de nouvelles améliorations du dispositif ont permis de réduire le délai à 80 millisecondes. Les pensées d’Ann sont prononcées par une voix de synthèse qui s'inspire de la sienne. La tonalité a été reproduite à l’aide d’enregistrements de sa voix réalisés avant son AVC.
Pour entraîner l’IA de l’implant à comprendre ce qu’elle veut dire, Ann a dû prononcer dans sa tête des phrases écrites sur un écran. Après plusieurs milliers de sentences ainsi lues, le modèle dispose d’un vocabulaire de 1.024 mots. "En anglais, les 1.000 mots les plus fréquents peuvent couvrir plus de 85 % du contenu des phrases parlées", écrivent les auteurs dans leur étude.
Un implant qui redonne la parole à tous les patients d’ici 5 ans ?
Cet implant est encore au stade expérimental. Outre s’assurer de sa sécurité sur le long terme, plusieurs éléments doivent encore être améliorés avant de le proposer au plus grand nombre. En premier lieu, il doit être miniaturisé. En effet, le dispositif nécessite actuellement plusieurs ordinateurs et ingénieurs. Ce qui est, reconnaissons-le, vraiment pas compatible avec la vie quotidienne. Les chercheurs espèrent pouvoir déployer un implant miniaturisé d’ici 5 à 6 ans.
De son côté, Ann espère que cette avancée technologique lui permettra de réaliser son rêve : devenir conseillère d’orientation à l’université. "Même si nous sommes encore loin d'atteindre ce but pour Ann, cette étape devrait nous permettre à terme d'améliorer considérablement la qualité de vie des individus victimes de paralysie vocale", a expliqué à l'AFP le principal auteur de l'étude, Gopala Anumanchipalli, de l'Université de Californie.