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Addictologie

Addiction au fentanyl : l'opiacé active deux zones du cerveau

Des scientifiques suisses ont récemment découvert que la prise de fentanyl déclenche deux zones distinctes du cerveau, ce qui pourrait expliquer le caractère particulièrement addictif de cette substance.

Addiction au fentanyl : l'opiacé active deux zones du cerveau WoodysPhotos/IStock




L'ESSENTIEL
  • Le fentanyl est un opiacé, qui a été développé pour soulager les douleurs des patients atteints par un cancer. Son usage a, depuis, été largement détourné.
  • Aux États-Unis, l’addiction au fentanyl est à l’origine de trois-quarts des décès par overdose.
  • Des chercheurs suisses ont récemment suggéré que la prise de fentanyl pourrait activer deux régions distinctes du cerveau, ce qui expliquerait la puissance addictive de cet opiacé.

Développé à l’origine pour les patients atteints par un cancer, le fentanyl est un opiacé de synthèse, qui a été détourné de son usage médical initial. Aux États-Unis, il est responsable de trois quarts des décès par overdose. Il provoque un intense effet euphorisant puis d’importants symptômes de sevrage (tremblements, sudation excessive, douleurs…) quelques heures après la dernière prise.

Une piste de compréhension sur l’impact de l’addiction aux opiacés

Les effets du fentanyl sur le cerveau sont encore mal compris. Des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) ont récemment observé que ce puissant analgésique déclenche deux populations distinctes de cellules dans le cerveau. "Cela expliquerait pourquoi les individus ne prennent pas seulement la drogue pour son effet euphorisant, mais aussi pour éviter le sevrage, et pourquoi les opioïdes sont plus addictifs que les autres drogues", peut-on lire dans un communiqué de l’UNIGE. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Nature.

Administré par voie intraveineuse, le fentanyl provoque une activation des neurones dopaminergiques, responsables de la libération de dopamine, une hormone qui participe au sentiment d’euphorie. Ces cellules sont normalement sous le contrôle des neurones inhibiteurs GABA, mais les opiacés sont en mesure de bloquer leur action et d’augmenter ainsi l’activité des neurones dopaminergiques, déclenchant la phase euphorique. La clé de compréhension est le récepteur aux opiacés "mu". "Nous parlons de renforcement positif lorsque la sensation agréable entraîne la répétition de la prise de produit, et de renforcement négatif lorsque la drogue est consommée pour éviter le syndrome de sevrage", a indiqué Christian Lüscher, responsable de ces travaux et professeur au département des neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’UNIGE et au Centre Synapsy de recherche en neurosciences pour la santé mentale.

Fentanyl : le malaise intense lié au sevrage a lieu dans une autre région du cerveau

Comme l’ont expliqué les scientifiques, l’effet euphorisant se déroule dans le système mésolimbique, mais ils ont constaté que les symptômes liés au sevrage ont lieu dans une autre région cérébrale. Ils ont alors découvert une population de cellules, qui étaient jusqu’ici encore inconnues, situées dans l’amygdale centrale, un système qui régule nos actions face à la peur. "Jusqu’ici, on pensait que les mécanismes du renforcement positif comme du renforcement négatif avaient lieu dans la même zone cérébrale, le système mésolimbique. Or, notre hypothèse suggère que l’origine du renforcement négatif est à chercher dans des cellules qui expriment le récepteur mu ailleurs dans le cerveau", a décrit Fabrice Chaudun, premier auteur de l’étude et maître-assistant dans le laboratoire de Christian Lüscher.

Selon les responsables de cette recherche, leurs conclusions "modifient radicalement le modèle de compréhension de l’addiction aux opiacés". Le fait que les renforcements positif et négatif passent par deux réseaux différents pourrait expliquer pourquoi les opiacés ont un caractère addictif particulièrement élevé et favorisent une consommation irraisonnée. Ces premiers résultats pourraient aussi être une piste de recherche pour la mise au point d’antalgiques sans risque d’addiction.

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