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Obstétrique

Grossesse : les graves complications accroissent le risque de décès prématuré plus tard

Par Chloé Savellon

Les femmes enceintes développant un diabète gestationnel ou une pré-éclampsie présentent des risques de mortalité accrus pendant de nombreuses années après leur accouchement.

Ridofranz/iStock
Dans cette récente étude, les cinq issues défavorables de la grossesse étaient l’accouchement prématuré, le diabète gestationnel, la pré-éclampsie, du faible poids du bébé à la naissance et d’autres troubles hypertensifs.
Les femmes ayant connu ces graves complications présentaient un risque de mortalité accru qui est resté élevé plus de 40 ans plus tard.
Ces patientes ont besoin d'une évaluation préventive précoce et d'un suivi à long terme pour la détection et le traitement des troubles chroniques associés à un décès prématuré.

Quels sont les risques de décès à long terme chez les femmes dont la grossesse s'est déroulée dans des conditions défavorables ? C’est la question que se sont posés des chercheurs des universités du Texas Health Science Center (États-Unis) et de Lund (Suède). Pour y répondre, ils ont consulté les dossiers médicaux de 2.195.667 femmes suédoises ayant accouché entre 1973 et 2015. Toutes les informations sur la durée de leur grossesse, le poids du nourrisson à la naissance, leur santé au fur et à mesure qu'elles vieillissaient ont été incluses dans l'étude parue dans la revue JAMA Internal Medicine.

Diabète gestationnel, pré-éclampsie : un taux de décès plus élevé jusqu'à 40 ans après l’accouchement

L’équipe a comparé les perspectives des femmes qui avaient eu de graves complications durant la grossesse et à la naissance de leur enfant avec celles des patientes qui n'avaient pas accouché ou qui avaient accouché mais n'avaient pas eu de problèmes graves. Lorsque les scientifiques évoquaient de graves complications, ils parlaient d’accouchement prématuré, de diabète gestationnel, de pré-éclampsie, du faible poids du bébé à la naissance et d’autres troubles hypertensifs.

Au cours du suivi de 56 ans, 88.055 femmes sont mortes. Les résultats ont montré que les patientes ayant connu l'une des cinq principales issues défavorables de la grossesse présentaient des risques de mortalité accrus qui demeuraient élevés plus de 40 ans après l'accouchement. Dans le détail, les volontaires atteintes de diabète gestationnel voyaient leur taux de mortalité augmenter de 53 %, et celles ayant accouché prématurément de 41 %. Les auteurs ont également constaté que les femmes ayant accouché d'un bébé plus petit que la moyenne présentaient un taux de décès plus élevé de 30 %. Celles touchées par des troubles sanguins non liés à la pré-éclampsie et celles souffrant de pré-éclampsie avaient 27 % et 13 % plus de risques de mourir prématurément.

Tenir compte des complications de la grossesse lors de l’évaluation de santé des femmes

Après avoir pris en compte d'autres facteurs susceptibles d'influer sur les taux, tels que l'environnement et la génétique, en incluant ensuite les frères et sœurs dans leurs travaux, les chercheurs ont observé que ces résultats ne pouvaient pas être expliqués par des facteurs familiaux communs. "Les médecins doivent tenir compte des complications de la grossesse lorsqu'ils évaluent l'état de santé de leurs patients. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer pourquoi ces femmes courent un risque accru de décès", a conclu l’équipe.