ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > France : la santé mentale des ados s’est dégradée en 5 ans

Anxiété, dépression

France : la santé mentale des ados s’est dégradée en 5 ans

Par Sophie Raffin

La santé des adolescents français s'est dégradée entre 2018 et 2022, surtout chez les filles, selon un rapport publique par Santé Publique France.

Halfpoint/istock
21 % des collégiens et 27 % des lycéens disent avoir un sentiment de solitude.
14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression, selon la nouvelle étude.
Sur la période 2018-2022, les collégiens et les lycéens ont connu une dégradation de leur santé mentale et de leur bien-être, plus marquée chez les filles.

Si 8 adolescents français sur 10 estiment être en bonne santé et satisfaits de leur vie actuelle, plus de la moitié des jeunes interrogés ont des difficultés psychologiques ou des troubles somatiques récurrents. C’est ce que révèle une enquête nationale réalisée auprès de 9.337 collégiens et lycéens entre 2018 et 2022.

Sentiment de solitude : il est plus important au lycée

86 % des collégiens et 84 % des lycéens assurent être en bonne santé. Toutefois, si tout va bien physiquement, le psychique pose plus question. Selon l’indice de bien-être mental de l’OMS, seulement la moitié des élèves sondés affichent un bon niveau de bien-être mental (59 % chez les collégiens et 51 % chez les lycéens).

Parmi les jeunes interrogés pour cette étude, un quart d’entre eux reconnaissent avoir éprouvé un sentiment de solitude au cours des 12 derniers mois. Cette émotion est plus présente au lycée (27 % vs 21 %) et chez les filles. Chez ces dernières, "le sentiment de solitude s’amplifie nettement au collège entre la 6e (21,8 %) et la 3e (35,7 %) puis reste élevé au lycée. La proportion de garçons déclarant un sentiment de solitude évolue peu tout au long de la scolarité", précise le rapport publié par Santé Publique France le 9 avril 2024.

Par ailleurs, plus de la moitié des adolescents ont des plaintes psychologiques ou somatiques récurrentes. C’est-à-dire au moins deux, plus d’une fois par semaine et durant les six derniers mois. Les troubles que les jeunes rencontrent le plus fréquemment sont les difficultés à s’endormir, la nervosité, l’irritabilité et le mal de dos.

Dépression : 24 % des lycéens ont déjà eu des pensées suicidaires

Pour certains adolescents, les difficultés sont encore plus grandes. 14 % des collégiens et 15 % des lycéens sondés présentaient un risque important de dépression, selon l’échelle Adolescent Depression Rating Scale qui aide à repérer les enfants déprimés.

"Au lycée et au collège, les filles ont un niveau de risque important de dépression nettement plus élevé que les garçons (21,4 % vs 6,9 % au collège et 22,7 % vs 8,0 % au lycée)”, précise le rapport. Chez les adolescentes, le risque augmente entre la 4e et la 3e (passant de 18,0 % à 24,7 %) puis se stabilise à un niveau élevé au lycée. Pour les garçons, le risque baisse lors du passage au lycée (7,7 % en 3e vs 4,7 % en 2nde), puis augmente nettement au cours des dernières années de scolarité (9,6 % en 1ʳᵉ et 10,3 % terminale).

Les principaux symptômes dépressifs observés chez les jeunes sont le manque d’énergie (48,1 % chez les collégiens et 53,2 % chez les lycéens), un sentiment de découragement (respectivement 38,7 % et 44,6 %) et une difficulté à réfléchir (respectivement 38,1 % et 42,3 %).

Autre chiffre très inquiétant mis en lumière par l’étude : un quart des lycéens ont reconnu avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois. Les filles sont les plus concernées (31 %), et ce, quelle que soit la classe. De plus, un élève de lycée sur dix a déclaré avoir fait une tentative de suicide au cours de sa vie.

L’ensemble des données recueillies conduisent à une conclusion : la santé mentale des adolescents français s’est dégradée entre 2018 et 2022, et elle est par ailleurs moins bonne chez les filles. "Il est essentiel de poursuivre la mise en œuvre d’actions pour libérer la parole autour du mal-être, informer et orienter les jeunes vers les ressources et aides existantes. Nous rappelons également que chacun peut prendre soin de sa santé mentale en adoptant des comportements bénéfiques pour son bien-être, comme pratiquer une activité physique, prendre du temps pour des loisirs, dormir suffisamment, aider les autres…", indique le Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France.