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Bientôt une pilule du lendemain contre les infections sexuellement transmissibles ?

Par Virginie Galle

Après un rapport sexuel non protégé, il sera peut-être bientôt possible de prendre une pilule du lendemain contre les infections sexuellement transmissibles (IST). 

Liudmila Chernetska / istock.
MOTS-CLÉS :
Plusieurs recherches montrent que le DoxyPEP pourrait être efficace pour lutter contre les IST à la suite d'un rapport sexuel non protégé.
Jusqu'à présent, ces essais n'ont porté que sur un petit nombre de personnes.
En France, les infections sexuellement transmissibles augmentent depuis plusieurs années.

Et si se protéger des IST à la suite d'un rapport sexuel non protégé devenait possible grâce à une pilule du lendemain ? C'est ce qui pourrait bientôt se produire grâce au DoxyPEP.

Pilule du lendemain contre les IST : les promesses du DoxyPEP

La recherche sur cette approche est limitée, mais elle a déjà donné des résultats positifs. À tel point que les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies ont récemment proposé des lignes directrices pour son utilisation (encore non finalisées aujourd’hui, NDLR).

"Pour se protéger des IST, il suffirait de prendre 200 milligrammes de doxycycline dans les 72 heures suivant un rapport sexuel sans préservatif", a expliqué à IFLScience le Dr Manik Kohli. "Trois essais cliniques ont montré que cette méthode était efficace chez les hommes gays, chez les hommes bisexuels et chez les femmes transgenres pour prévenir la chlamydia, la syphilis et la gonorrhée", ajoute-t-il.

Jusqu'à présent, ces essais n'ont porté que sur un petit nombre de personnes. "Nous n'en savons toujours pas assez sur l'efficacité du DoxyPEP chez les femmes cisgenres, les hommes transgenres et les personnes non binaires ayant un vagin. Il n'y a qu'une seule étude existante sur les femmes cisgenres au Kenya, et les données de cette étude étaient plutôt mitigées", a également déclaré le Dr Ben Weil.

Pilule du lendemain contre les IST : une réduction de 58 % des incidents

Les résultats provisoires les plus intéressants proviennent de la clinique San Francisco AIDS Foundation. "Nous avons proposé la DoxyPEP à tous nos patients qui prenaient déjà une PrEP (prophylaxie pré-exposition) contre le VIH. Nous voulions évaluer l'impact de cette intervention après l'avoir déployée dans notre clinique", explique le Dr Hyman Scott.

"Nous avons alors constaté que l'impact était rapide et significatif", poursuit-il. "Nous avons établi une réduction de 58 % des incidents liés aux IST moins d'un an après la mise en œuvre du programme. C'est pour la syphilis que la réduction a été la plus spectaculaire, avec 78 %, et pour la chlamydia, avec 67 %", indique-t-il. La réduction des cas de gonorrhée a en revanche été plus modeste (11 %).

En France, en 2022, 2,6 millions de personnes ont bénéficié au moins une fois d’un dépistage remboursé d’une infection à Chlamydia trachomatis, 3 millions d’un dépistage d’une infection à gonocoque et 3,1 millions d’un dépistage de la syphilis.

"Le taux de dépistage de ces trois IST continue à augmenter en 2022 comme depuis plusieurs années, en dehors d’une baisse ponctuelle en 2020", indique Santé Publique France.