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Semaine de sensibilisation à l'endométriose

Endométriose : les médecins ont-ils trop opéré ?

Par Youssra Khoummam

Lors du congrès GYNFOCH, la question s’est posée : les médecins doivent-ils toujours opérer en cas d'endométriose ? Le Professeur Jean-Marc Ayoubi, chef du service de Gynécologie Obstétrique et de la Médecine de la Reproduction de l'hôpital Foch a exprimé son opinion la-dessus.

Stefanamer/istock
Selon la Haute Autorité de Santé, l'IRM est l'outil de diagnostic de première intention, le scanner de seconde intention puis vient en 3ème intention la chirurgie d'exérèse.
Mais d'après certaines études récentes, faites sur des femmes opérées pour suspicion d'endométriose profonde, pratiquement la moitié a eu des complications.
La chirurgie d'exérèse peut avoir un effet néfaste sur la fertilité.

Que penser de la chirurgie de l'endométriose ? Pour le Professeur Ayoubi, un chiffre est sans appel : “On voit bien le taux de complications dans les mains expertes est autour des 15 %” en post-opératoire. Et ces complications sont d'autant plus problématiques qu'elles nécessitent souvent une reprise chirurgicale sous anesthésie générale. “On retrouve ces complications relativement fréquentes” aussi bien “dans les résections digestives larges que dans le traitement chirurgical mini-invasif”.

“Les chances que la patiente peut avoir c’est améliorer sa souffrance et son otalgie mais elle ne sera pas guérie”

Parallèlement à ces complications, s’ajoute le risque de récurrence. L’endométriose est “une maladie qui n’est pas guérissable, vous pouvez opérer autant que vous voulez, les chances que la patiente peut avoir c’est améliorer sa souffrance et son otalgie mais elle ne sera pas guérie”. Selon le spécialiste, le risque de récurrence “est supérieur à 50 % quelque soit la technique” chirurgicale.

Alors pourquoi continuer à opérer ? Car les femmes sont parfois dans une souffrance énorme et que leur qualité de vie est à prendre en considération. 

Il y a des indications qui s’imposent et devant lesquelles on doit opérer. On doit opérer après une étude en concertation pluridisciplinaire, après une bonne exploration, après un traitement de la douleur et une prise en charge globale et multidisciplinaire. Il y a des indications chirurgicales qui ne sont pas discutables, qu’il s’agisse de syndromes algiques majeurs, qu’il s’agisse des endométriomes de 6 ou 7 cm ou de compressions urétrales”, explique le chef de service Gynécologie-Obstétrique et Médecine de la Reproduction.

Idem pour les opérations liées à l’infertilité : “On a deux fois moins de grossesses spontanées ou par assistance médicale quand il s’agit de résections colorectales par rapport aux autres techniques. Il pourrait y avoir plusieurs raisons : l'apparition des adhérences, l’inflammation, les facteurs immunologiques”, indique le Professeur Ayoubi.

“On sait très bien aujourd’hui que la chirurgie sur les endométriomes est néfaste pour la fertilité quelque soit l’indication de chirurgie dans l'endométriose”

Avant de conclure son discours : “On peut dire aujourd’hui que l’on ne peut pas se passer de la chirurgie, certes, mais je crois que l’humain a trop opéré et quelques fois sans de réelles explorations avec une véritable prise en charge multidisciplinaire et médicale. Cette exploration est nécessaire. La fertilité est améliorée par l’absence de chirurgie surtout lorsqu’il s’agit des endométriomes. On sait très bien aujourd’hui que la chirurgie sur les endométriomes est néfaste pour la fertilité quelque soit l’indication de chirurgie dans l'endométriose. Il est nécessaire d’explorer la fonction pelvienne avant d’effectuer une chirurgie et de penser à la préservation de la fertilité.