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Enfance

La fessée impacte les capacités cognitives des enfants

Par Diane Cacciarella

Recevoir des fessées durant l’enfance pourrait avoir un impact néfaste sur les capacités cognitives des enfants, selon une nouvelle étude. 

evgenyatamanenko/iStock
La fessée n’impacte pas la mémoire de travail des enfants, c’est-à-dire le traitement et le stockage temporaire de l'information.
En revanche, cet acte de violence a des conséquences néfastes sur le contrôle inhibiteur et la flexibilité cognitive et ce, même si la fessée n’était pas fréquente.
Ces résultats restent les mêmes, qu’importent le sexe, l’origine ethnique et la relation parent-enfant.

En 2019, la France est devenue le 56e pays à interdire la fessée, dans le cadre de la loi du 10 juillet relative à l'interdiction des violences éducatives ordinaires. Dans l’article 1, il est indiqué que “l'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques.” Ces violences peuvent en effet avoir de graves conséquences sur le développement de l’enfant, aussi bien physiques que psychologiques. Une étude, parue dans la revue Child Abuse & Neglect, démontre une nouvelle fois l’impact de l’une de ces violences : la fessée.

La fessée réduit les capacités cognitives des enfants 

D’après les scientifiques, même si elle est peu donnée, la fessée aurait des effets néfastes sur le développement cognitif d’un enfant. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé les données de plus de 12.000 enfants âgés de 5 à 6 ans. Ils se sont concentrés sur trois domaines : le contrôle inhibiteur (l’attention), la flexibilité cognitive (la prise de décision) et la mémoire de travail (le traitement et le stockage temporaire de l'information). 

La fréquence des fessées a principalement été mesurée par les déclarations des mères des enfants. L'équipe a utilisé une méthode appelée équilibrage de l’entropie pour retraiter ces informations et les repondérer. 

Résultat : la mémoire de travail ne semblait pas influencée par la fessée. En revanche, les scientifiques ont observé un lien entre la fessée et le contrôle inhibiteur et la flexibilité cognitive, et ce, même si la fessée n’était pas fréquente. 

Fessée : son impact est néfaste, qu’importe le sexe ou le contexte familial

Autre observation : l’impact de la fessée ne changeait pas en fonction de l’origine ethnique, du sexe ou de la relation parentale. Cela signifie que les conséquences négatives de cet acte violent ne dépendent pas des contextes familiaux ou démographiques.

Nous avons constaté que [recevoir] des fessées à l'âge de 5 ans [avait un impact négatif sur le contrôle inhibiteur], la capacité à passer d'une tâche à l'autre en s’adaptant (la flexibilité cognitive) à l'âge de 6 ans, quels que soient le sexe de l'enfant, sa race et sa relation parentale, indique Jeehye Kang, professeur agrégé à l'Université Old Dominion, aux États-Unis, à PsyPost. En ce qui concerne le contrôle inhibiteur, cette association existait même lorsque les fessées étaient peu fréquentes.

Cette étude comporte néanmoins une limite importante : la non prise en compte de certains facteurs. Par exemple, l’exposition à la violence communautaire pourrait avoir un impact sur la fréquence des fessées et le développement des capacités cognitives de l’enfant. 

Bien que la fessée soit un facteur de stress moins important que la maltraitance envers les enfants, elle semble altérer la maîtrise des impulsions, explique Jeehye Kang. Le public doit être conscient des dommages neurobiologiques, sociaux, émotionnels et cognitifs associés à la fessée. Les parents devraient être accompagnés [pour ne plus avoir] recours à la fessée.