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Immunité

Cancer du poumon : un médicament contre les allergies pourrait aider à le traiter

Par Mégane Fleury

Un médicament utilisé contre les allergies et l’asthme permet d’activer le système immunitaire pour qu’il agisse contre les cellules tumorales dans le cancer du poumon. 

utah778/ISTOCK
L'utilisation d'un médicament anti-allergique améliore l'efficacité de l'immunothérapie dans le cancer du poumon.
Des chercheurs américains l'ont confirmé dans un essai sur des souris et sur un groupe de patients résistants aux traitements.
Un essai avec un groupe de participants plus large devra être réalisé pour confirmer ces résultats.

Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la Santé. Pour le soigner, plusieurs traitements sont utilisés, dont la chimiothérapie, la radiothérapie et l’immunothérapie. Des scientifiques travaillent sur de nouvelles techniques pour améliorer leur efficacité et permettre aux patients de gagner en espérance de vie. Dans le dernier numéro de la revue Nature, paru le 6 décembre, des chercheurs américains présentent l’une de ces nouvelles voies de traitement : l’utilisation combinée d’un médicament anti-allergique avec l’immunothérapie pour booster le système immunitaire face aux tumeurs. 

Comment améliorer la réponse immunitaire dans le traitement du cancer du poumon ?

"L'immunothérapie a révolutionné le traitement du cancer du poumon non à petites cellules, la forme la plus courante de cancer du poumon, mais actuellement, seulement un tiers environ des patients y répondent et chez la plupart des patients, le bénéfice est temporaire, explique l’autrice principale de l'étude, Miriam Merad, directrice de l'Institut d'immunologie de précision Marc et Jennifer Lipschultz et directrice du département d'immunologie et d'immunothérapie de l'École de médecine Icahn du Mont Sinaï. L’un des principaux objectifs de notre programme de recherche, appelé TARGET, est d’utiliser la technologie unicellulaire et l’intelligence artificielle pour identifier les modèles immunitaires moléculaires capables d’atténuer la réponse immunitaire de la tumeur au blocage des points de contrôle."

Cancer du poumon et immunothérapie : un essai sur l’humain et sur la souris 

Également connu sous le nom d’inhibiteur de PD1, le blocage des points de contrôle est un type d’immunothérapie anticancéreuse qui permet de stimuler l’activité anticancéreuse des cellules T, des cellules immunitaires. Ces spécialistes de l'École de médecine Icahn du Mont Sinaï à New-York ont identifié une voie allergique qui, lorsqu'elle est bloquée, libère cette immunité antitumorale chez des souris atteintes de cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC). Puis, ils ont mené un essai sur un groupe de patients humains, où l’immunothérapie a été combinée avec le dupilumab, un anticorps bloquant les récepteurs de l'interleukine-4 (IL-4) largement utilisé pour traiter les allergies et l’asthme. 

Cancer du poumon : l’efficacité du traitement anti-allergique combiné à l’immunothérapie 

Précédemment, l’équipe de recherche avait découvert que des cellules immunitaires infiltrant les cancers du poumon présentaient les caractéristiques d'une réponse immunitaire de type 2, généralement associée à des affections allergiques comme l'eczéma et l’asthme. "Ces résultats nous ont amenés à explorer si nous pouvions ré-employer un médicament généralement utilisé pour les affections allergiques afin d'améliorer la réponse tumorale au blocage des points de contrôle", précise Thomas Marron, co-auteur principal de l’étude. "De manière frappante, nous avons constaté que le blocage de l’IL-4 améliorait la réponse du cancer du poumon au blocage des points de contrôle chez la souris et chez six patients atteints d’un cancer du poumon présentant une maladie résistante au traitement, se réjouit le chercheur. En fait, un patient dont le cancer du poumon se développait malgré le blocage des points de contrôle a vu presque tout son cancer disparaître après avoir reçu seulement trois doses du médicament contre les allergies, et son cancer reste contrôlé aujourd'hui, plus de 17 mois plus tard." D’autres essais cliniques devront confirmer ces premiers résultats, avec des groupes de patients plus larges.