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"Il faut faciliter la reconnaissance des cancers liés au travail"

Par Mathilde Debry

Selon Henri Bastos, directeur scientifique de l’Anses, "il faut faciliter la reconnaissance des cancers liés au travail".

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Alors qu’une étude française de 2018 estime à environ 12.000 cas par an le nombre de cancers liés au travail en France, seuls 1.800 cas sont reconnus chaque année par la branche accidents du travail-maladies professionnelles de l’Assurance Maladie.
Selon Henri Bastos, directeur scientifique santé-travail de l’Anses, "il faut faciliter la reconnaissance des cancers liés au travail".
La création d’un nouveau tableau de maladie professionnelle pourrait permettre d'aller dans ce sens.

D’après l’enquête Sumer, environ 2,7 millions de travailleurs ont été exposés en 2017 à au moins un produit chimique cancérogène.

"Les travailleurs malades du fait d’expositions dans l’exercice de leur activité professionnelle peuvent demander réparation de leurs préjudices", rappelle Henri Bastos, directeur scientifique santé-travail de l’Anses. "La reconnaissance de leur maladie est facilitée lorsqu’il existe un tableau de maladie professionnelle", poursuit-il.

Cancer et travail : comment expliquer cette sous-reconnaissance ?

Alors qu’une étude française de 2018 estime à environ 12.000 cas par an le nombre de cancers liés au travail en France, seuls 1.800 cas sont reconnus chaque année par la branche accidents du travail-maladies professionnelles de l’Assurance Maladie.

Comment expliquer cette sous-reconnaissance ? Le système français prévoit que les demandes de reconnaissance soient effectuées par les victimes ou leurs ayants-droits. "Or, de nombreux facteurs peuvent faire obstacle à cette déclaration de maladie professionnelle, parmi lesquelles le manque de connaissance ou la non-identification du lien entre maladie et travail par la victime ou même par les médecins qui accompagnent les malades dans leur parcours de soin", déplore Henri Bastos.

Cancer et travail : vers la création d’un nouveau tableau de maladie professionnelle

Le nouvel avis récent de l’Anses concluant au lien avéré entre les expositions professionnelles au formaldéhyde et les leucémies myéloïdes devrait contribuer à la création d’un nouveau tableau de maladie professionnelle. Les choses bougent également concernant d’autres pathologies et d'autres facteurs déclenchants. En mars dernier, une infirmière mosellane qui a travaillé de nuit à l’hôpital pendant vingt-huit ans a par exemple obtenu la reconnaissance de son cancer du sein comme maladie professionnelle.
 
Dans son avis, l’Agence adresse également une recommandation aux onco-hématologues et à leurs équipes : "en lien avec les médecins traitant ou les médecins du travail, ils ont un rôle important à jouer pour améliorer le repérage des expositions professionnelles au formaldéhyde et aider leurs patients dans leur démarche de reconnaissance", peut-on y lire.

"Diffuser largement les connaissances sur les risques liés au travail pour renforcer la prévention est un enjeu auquel nos expertises doivent activement contribuer", ajoute en guise de conclusion Henri Bastos.

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