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Axe intestin-cerveau

Un lien génétique entre le syndrome du côlon irritable et les troubles psychiatriques

Par Camille Sabourin

Des chercheurs norvégiens ont découvert que les patients souffrant de colopathie fonctionnelle et ceux atteints de troubles psychiatriques partageaient des variantes génétiques.

DKosig/iStock
À l’aide de nouvelles méthodes statistiques, des scientifiques ont réussi à identifier 116 nouveaux locus génomiques à risque pour le syndrome de l'intestin irritable.
70 locus uniques partagés entre la colopathie fonctionnelle et différents troubles psychiatriques (anxiété, dépression, bipolarité, schizophrénie) ont été trouvés.
Plusieurs locus liés au syndrome de l'intestin irritable sont impliqués dans la régulation des systèmes nerveux et immunitaire.

Le syndrome de l'intestin irritable (SII), également connu sous le nom de colopathie fonctionnelle, est une maladie qui touche environ 5 % de la population française. Pour rappel, les symptômes de cette pathologie incluent des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées ou des constipations. En outre, il a été observé que le syndrome de l'intestin irritable coexiste souvent avec des troubles psychiatriques, tels que l'anxiété, la dépression et la bipolarité.

Étudier le chevauchement génétique entre le SII et les troubles psychiatriques

Jusqu'à présent, les études sur la colopathie fonctionnelle se sont concentrées sur les facteurs environnementaux et les mécanismes physiologiques, mais peu d'attention a été accordée à la composante génétique de cette maladie. "Une récente recherche a identifié plusieurs variantes de risque génétique pour le syndrome de l'intestin irritable. Cependant, la majeure partie de l'héritabilité reste non identifiée et le chevauchement génétique avec les troubles psychiatriques et somatiques n'est pas quantifié", ont indiqué des scientifiques des universités de Bergen et d'Oslo en Norvège.

C'est pourquoi ils ont décidé de mener des travaux pour examiner plus en détail le chevauchement génétique entre le syndrome de l'intestin irritable et les phénotypes psychiatriques et gastro-intestinaux. Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont utilisé les données de 53.400 personnes atteintes du syndrome de l'intestin irritable et de 433.201 témoins. Pour les besoins de leurs recherches, ils ont aussi eu recours à de nouvelles méthodes statistiques afin d’analyser les corrélations génétiques.

35 locus uniques partagés entre la colopathie fonctionnelle et la dépression

"Nous avons constaté un chevauchement polygénique étendu entre le syndrome de l'intestin irritable et les troubles psychiatriques et, dans une moindre mesure, les maladies gastro-intestinales", peut-on lire dans les résultats publiés dans la revue Genome Medicine. Dans le détail, les auteurs ont identifié 116 nouveaux locus génomiques (soit des emplacements spécifiques dans la séquence d'ADN comprenant souvent un groupe de variantes) à risque pour la colopathie fonctionnelle. En outre, ils ont détecté 70 locus uniques partagés entre le syndrome de l'intestin irritable et différents troubles psychiatriques : 7 avec l’anxiété, 35 avec la dépression, 27 avec la bipolarité et 15 avec la schizophrénie.

"Les analyses fonctionnelles des locus partagés ont révélé un enrichissement des voies biologiques des systèmes nerveux et immunitaire", a expliqué l’équipe. En clair, de nombreux locus liés à la colopathie fonctionnelle sont aussi impliqués dans la régulation du système nerveux. L’auteur principal de l’étude, Markos Tesfaye, espère que ces résultats pourront lancer des recherches expérimentales, qui pourraient à leur tour permettre de développer des traitements contre le syndrome de l'intestin irritable.