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Psychologie

Harcèlement sexuel : pourquoi porter plainte n’est pas forcément la priorité des victimes

Par Joséphine Argence

Une étude britannique a dévoilé les raisons pour lesquelles les victimes de harcèlement sexuel ne portent pas plainte en priorité. 

mapo/IStock
Le harcèlement sexuel se caractérise par des propos et/ou des comportements, qui portent atteinte à la dignité d’une personne.

Une récente étude a évalué la manière dont les victimes de harcèlement sexuel réagissent face à ces actes, et sur la façon les personnes qui ne l’ont jamais vécu s’imaginent qu’elles agiraient.
Selon cette recherche, les victimes de harcèlement sexuel ne déposent pas plainte en priorité.

Le harcèlement sexuel peut prendre différentes formes, mais il se traduit par le fait d’imposer à une personne, de manière fréquente, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste. Ces actes portent atteinte à "sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante", indique le ministère de l’Intérieur sur sa plateforme en ligne. 

Harcèlement sexuel : le premier réflexe est-il d’aller porter plainte ? 

Une nouvelle étude publiée dans la revue Psychology of Women Quarterly a observé qu’il existe un important écart entre la façon dont les personnes imaginent qu’ils réagiraient s’ils subissaient un harcèlement sexuel et la manière dont les victimes réagissent réellement.

Pour cette recherche, l’équipe de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) a comparé les réponses d’une enquête confidentielle en ligne de personnes ayant vécu un harcèlement sexuel à celles de personnes ne l’ayant pas subi, mais qui devaient imaginer comment elles réagiraient.

"Un fossé" entre les attentes et la réalité des victimes de harcèlement sexuel

Les chercheurs ont analysé les réponses des participants ayant subi un harcèlement sexuel, en particulier sur les mesures qu'ils ont prises, et les ont comparées à celles des volontaires n’ayant jamais vécu de harcèlement sexuel. D’après les conclusions de l’étude, les victimes de harcèlement sexuel ont privilégié satisfaire des besoins de sécurité, de contrôle et de soutien personnel plutôt que de réaliser des actions formelles comme le signalement à la police. À l’inverse, les personnes n’ayant jamais subi de harcèlement sexuel ont indiqué qu’elles iraient directement porter plainte dans un commissariat. 

"Notre étude suggère qu'il existe un fossé entre ce que les gens attendent des personnes qui ont été victimes de harcèlement sexuel et la manière dont ces personnes réagissent réellement. Il est important de considérer que les sentiments et les actions d'une personne qui a été victime de harcèlement sexuel peuvent être très différents de ceux d'une personne qui ne l'a pas été. Au lieu de nous demander pourquoi les gens ne se manifestent pas plus souvent, nous devrions peut-être nous demander quelle est la meilleure action pour l’individu", a préconisé la Professeure Manuela Barreto, co-auteure de l’étude et chercheuse à l’université d’Exeter.