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Même plusieurs années après le choc

Traumatismes crâniens : le caisson hyperbare pour réduire les séquelles

Par Afsané Sabouhi

Après une commotion cérébrale, une oxygénothérapie en caisson de recompression permet au cerveau de récupérer et réduit les séquelles cognitives.

SINTESI / SIPA

En cas de défaite de l’équipe de France de football ce soir, son gardien de but Hugo Lloris pourra toujours aller se réfugier dans un caisson hyperbare. Un bon moyen d’échapper à ses supporters déçus et de permettre à son cerveau de récupérer après son KO sur le terrain pendant un match de son équipe de Tottenham au début du mois. Une équipe de chercheurs en Neurosciences de l’Université de Tel Aviv vient en effet de démontrer l’intérêt de cette oxygénothérapie, généralement utilisée pour les plongeurs victimes d’accidents de décompression, pour le cerveau des traumatisés crâniens.

Pour cette étude, publiée dans la revue PLoS ONE, les scientifiques ont recruté 56 personnes, victimes d’un traumatisme crânien modéré au cours des 5 années précédentes et souffrant encore de séquelles telles que des migraines, des difficultés de concentration ou de mémorisation ou des troubles de l’humeur. Pendant deux mois, la moitié d’entre eux ont suivi 40 séances d’une heure en caisson hyperbare, respirant de l’oxygène pur à la pression équivalente à une plongée à 5m de profondeur, tandis que le groupe des témoins ne recevait aucun traitement pendant les 2 premiers mois puis la même série de 40 séances d’oxygénothérapie pendant les 2 mois suivants.

 

L’oxygène aide le cerveau à récupérer

Résultats ? Qu’elle soit immédiate ou décalée de 2 mois, la période d’oxygénothérapie a permis d’améliorer significativement la qualité de vie des patients et leurs résultats aux tests de fonction cognitive, notamment en matière de mémoire. Un contrôle par imagerie cérébrale (par TEMP ou tomographie d'émission monophotonique) a également montré une activité accrue des neurones après le passage en caisson hyperbare.
« Ce qui rend ces résultats encore plus convaincants, c’est la concordance remarquable entre la restauration des fonctions cognitives et les modifications de la fonctionnalité du cerveau détectées grâce à l’imagerie », souligne l’un des auteurs, le Pr Eshel Ben-Jacob.

« Ces résultats démontrent que la neuroplasticité peut être activée des mois et des années après la lésion cérébrale », poursuit le spécialiste. Après un choc violent à la tête, le processus de régénération met en jeu des mécanismes complexes puisqu’il faut recréer des vaisseaux sanguins et des connexions entre les neurones. Or, ce type de mécanismes demande beaucoup d’énergie à l’organisme. « C’est en cela que l’oxygénothérapie hyperbare peut aider. Les niveaux élevés d’oxygène pendant le traitement apportent l’énergie nécessaire pour faciliter le processus de guérison », explique le Dr Shai Efrati, autre auteur de l’étude.

50 000 Français concernés chaque année

En France, on estime qu’il survient 150 000 traumatismes crâniens légers chaque année. Au domicile, au travail, dans les maisons de retraite, les cours d’école ou sur les terrains de sport, la personne se cogne la tête et se relève un peu sonnée ou après une brève perte de connaissance. Dans plus de 90%, il n’y a pas de conséquence immédiate, autrement dit, pas d’hémorragie cérébrale. Mais plus d’un tiers de ces personnes souffrent ensuite de troubles plus ou moins passagers de mémoire, de concentration ou de migraines sans que l’on pense forcément à incriminer leur récent choc à la tête. C’est contre ces séquelles que les caissons hyperbares pourraient donc se révéler utiles.