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Bronzage artificiel : quels dangers ?

Par Camille Sabourin

Un chercheur de l’Anses revient sur les dangers liés au bronzage aux UV artificiels.

nd3000/iStock
MOTS-CLÉS :
Cancer, coups de soleil, accélération du vieillissement cutané, inflammation oculaire et immunosuppression transitoire sont tous associés à l’utilisation des appareils de bronzage.
Plus la première séance de bronzage en cabine est réalisée jeune, plus le risque de développer une tumeur maligne de la peau (mélanome) augmente.
Le nombre annuel de séances ainsi que la durée globale d’exposition sont également directement corrélés avec l’augmentation du risque.

Les rayonnements ultraviolets artificiels sont classés dans la catégorie des agents cancérogènes certains par le Centre international de recherche sur le cancer, le Circ, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), depuis plus de 20 ans.

Pourtant en France, même s’il existe une interdiction de la vente aux particuliers d’appareils de bronzage décrétée le 26 janvier 2016, elle ne s’applique pas vraiment dans les faits, comme l’explique Olivier Merckel, chef d'unité dans l’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un article pour The Conversation. L’occasion pour lui de revenir sur les dangers liés à cette pratique : "les données scientifiques et sanitaires ne laissent aucun doute sur les risques pour la santé que fait peser la pratique du bronzage artificiel”.

Mélanome : plus le premier bronzage UV est réalisé jeune, plus le risque augmente

Comme le souligne l’OMS depuis de nombreuses années : cancer, coups de soleil, accélération du vieillissement cutané, inflammation oculaire et immunosuppression transitoire sont tous associés à l’utilisation des appareils de bronzage. De nombreux travaux montrent également que l’exposition aux UV artificiels peut engendrer une addiction au bronzage.

“Concernant le cancer, de loin l’effet le plus grave, les études les plus récentes permettent de préciser comment le risque de mélanome, par exemple, augmente en fonction des pratiques. Dès 2006, dans une méta-analyse regroupant 19 études épidémiologiques, le Circ mettait en évidence un risque de mélanome encore plus élevé lorsque les expositions aux UV artificiels avaient débuté avant l’âge de 30 ans”, détaille Olivier Merckel.

Plusieurs études internationales et méta-analyses ont depuis confirmé que plus la première séance de bronzage en cabine est réalisée jeune, plus le risque de développer une tumeur maligne de la peau (mélanome) augmente. Le nombre annuel de séances ainsi que la durée globale d’exposition sont également directement corrélés avec l’augmentation du risque. "Les séances en institut peuvent représenter l’équivalent d’un soleil tropical d’index UV 12. L’index (ou indice) UV exprime l’intensité du rayonnement ultraviolet et le risque qu’il représente pour la santé : au-delà de l’indice 10, les risques sont extrêmes", explique Olivier Merckel.

Les idées reçues autour des UV artificiels

De nombreuses idées reçues concernant les UV artificiels persistent, comme le montrent les enquêtes sur le sujet. "Parmi les idées fausses les plus répandues, celle qui consiste à croire que quelques séances en cabine de bronzage préparent la peau au soleil de l’été… Il n’en est rien, au contraire !”, rappelle le chercheur à l’Anses."

"La composition des UV artificiels est différente de celle du soleil. Les rayonnements ultraviolets contenus dans la lumière naturelle sont ainsi répartis en trois 'bandes', en fonction de leurs longueurs d’onde, des moins aux plus énergétiques : UVA, UVB et UVC", ajoute-t-il. "Les cabines de bronzage, en France, émettent principalement des UVA (qui pénètrent plus profondément notre peau, qui de ce fait s’affine et vieillit plus vite), le taux d’UVB étant limité par la réglementation. Toutes les longueurs d’onde des rayonnements UV, via des mécanismes biologiques différents, sont des cancérogènes certains”, poursuit le spécialiste.

"Le risque de brûlure en cas d’exposition prolongée est réel”

"Les UV artificiels ne font de plus que colorer la peau, sans déclencher le mécanisme d’épaississement associé à des expositions progressives au soleil. Une étude a ainsi montré un doublement des cas de coups de soleil chez les personnes atteintes de mélanomes utilisatrices de cabines de bronzage. Et comme il n’y a pas de sensation de chaleur, le risque de brûlure en cas d’exposition prolongée est réel”, souligne le chercheur.

"Parmi les autres arguments utilisés pour justifier l’intérêt des cabines de bronzage, l’apport en vitamine D ou la lutte contre la dépression saisonnière ont la vie dure. Or, notre organisme la produit suite à son exposition aux UVB… très minoritairement émis par les cabines. Quelques minutes d’exposition au soleil (mains, visage) suffisent largement pour couvrir les besoins normaux en vitamine D… Quant aux effets positifs sur le moral, ils sont inexistants là encore : seule la lumière visible joue ce rôle”, précise Olivier Merckel.

"En France toutefois, la voie réglementaire promet d’être encore longue avant de supprimer une exposition inutile, responsable de nombreux décès. Les trois derniers avis de l’Anses sur les risques pour la santé liés au bronzage artificiel recommandaient pourtant, sans équivoque, 'la cessation, à terme, de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels et de la vente d’appareils délivrant des UV artificiels à visée esthétique’”, conclut-il.