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Cœur

Maladie cardiaque : certaines bactéries buccales pourraient augmenter le risque

Par Rafaël Andraud

L'infection par une bactérie pouvant causer des maladies des gencives et une mauvaise haleine persistante pourrait augmenter le risque de maladie coronarienne, selon une nouvelle étude.

Bet_Noire/iStock
La Fusobacterium nucleatum, une bactérie qui peut être à l’origine d’infections buccales, serait potentiellement un facteur de risque de maladie cardiaque que les médecins pourraient dépister.
Les anticorps dirigés contre F. nucleatum, signe d'une infection antérieure ou actuelle par la bactérie, étaient liés à un risque légèrement accru d'événement cardiovasculaire.
La bactérie pourrait contribuer au risque cardiovasculaire par une inflammation systémique accrue due à sa présence dans la bouche, ou par la colonisation directe des parois artérielles ou de la plaque tapissant les parois artérielles.

Une combinaison de facteurs de risque génétiques et environnementaux contribue aux maladies cardiaques qui sont responsables d'environ un tiers de tous les décès dans le monde. Une accumulation de plaques dans les artères qui alimentent le cœur en sang provoque une maladie coronarienne - le type de maladie cardiaque le plus courant - et peut également entraîner des blocages qui provoquent des crises cardiaques. Des études antérieures ont lié certaines infections bactériennes à un risque accru d'accumulation de plaque.

D’après une récente étude publiée en ligne dans eLife le 14 février 2023, la Fusobacterium nucleatum, une bactérie qui peut être à l’origine d’infections buccales, serait potentiellement un facteur de risque de maladie cardiaque que les médecins pourraient dépister. Les traitements contre la prolifération ou l'infection de ces bactéries pourraient donc aider à réduire le risque de maladie cardiaque.

Maladie coronarienne : le rôle encore mal compris des infections bactériennes

"Bien que d'énormes progrès aient été réalisés dans la compréhension du développement des maladies coronariennes, notre compréhension de la contribution des infections, de l'inflammation et des facteurs de risque génétiques est encore incomplète. Nous voulions aider à combler certaines des lacunes dans notre compréhension des maladies coronariennes en jetant un regard plus complet sur le rôle des infections", a déclaré l'autrice principale, Flavia Hodel, de la faculté des sciences de la vie de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse, dans un communiqué.

Flavia Hodel et ses collègues ont analysé des informations génétiques, des données sur la santé et des échantillons de sang d'un sous-ensemble de 3.459 personnes qui ont participé à l'étude CoLaus | PsyCoLaus, une cohorte basée sur la population suisse. Environ 6 % d’entre elles ont subi une crise cardiaque ou un autre événement cardiovasculaire nocif au cours de la période de suivi de 12 ans. L'équipe a testé des échantillons de sang des participants pour détecter la présence d'anticorps dédiés à lutter contre quinze virus, six bactéries et un parasite.

F. nucleatum : une bactérie buccale dangereuse pour le cœur

Une fois que les auteurs ont ajusté les résultats pour les facteurs de risque cardiovasculaire connus, ils ont découvert que les anticorps dirigés contre F. nucleatum, signe d'une infection antérieure ou actuelle par la bactérie, étaient liés à un risque légèrement accru d'événement cardiovasculaire. "F. nucleatum pourrait contribuer au risque cardiovasculaire par une inflammation systémique accrue due à la présence bactérienne dans la bouche, ou par la colonisation directe des parois artérielles ou de la plaque tapissant les parois artérielles", explique Flavia Hodel.

"Notre étude s'ajoute aux preuves de plus en plus nombreuses que l'inflammation déclenchée par des infections peut contribuer au développement d'une maladie coronarienne et augmenter le risque de crise cardiaque", ajoute un autre auteur de l’étude, Jacques Fellay, professeur à la faculté des sciences de la vie de l’EPFL. "Nos résultats peuvent conduire à de nouvelles façons d'identifier les personnes à haut risque ou jeter les bases d'études d'interventions préventives qui traitent les infections à F. nucleatum pour protéger le cœur”, conclut-il.