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Émotions

Calmer son enfant grâce aux écrans fait plus de mal que de bien

Par Rafaël Andraud

Les enfants ont parfois du mal à gérer leurs émotions, ce qui peut aboutir à des crises de colère ou de pleurs. Mais utiliser les appareils numériques et les écrans pour les calmer, même si cela est efficace, se révèle contre-productif à long terme. Explications.

Liderina/iStock
L'étude a inclus 422 parents et 422 enfants âgés de 3 à 5 ans qui ont participé entre août 2018 et janvier 2020, avant le début de la pandémie de Covid-19.
Les chercheurs ont analysé les réponses des parents et des soignants sur la fréquence d'utilisation des appareils comme outil d'apaisement et les ont comparé avec les symptômes de réactivité émotionnelle déréglée sur une période de six mois.
Les signes d'une dérégulation émotionnelle accrue peuvent inclure des changements rapides entre la tristesse et l'excitation, un changement soudain d'humeur ou de sentiments et une plus forte impulsivité.

Tenter d’apaiser son enfant pendant une crise de colère ou de larmes en lui mettant le téléphone ou la tablette dans les mains pourrait conduire à des problèmes de comportement plus tard, selon une nouvelle étude publiée dans la revue JAMA Pediatrics.

"Des conséquences à long terme s'il s'agit d'une stratégie apaisante habituelle"

"L'utilisation d'appareils mobiles pour calmer un jeune enfant peut sembler être un outil inoffensif et temporaire pour réduire le stress dans le ménage, mais il peut y avoir des conséquences à long terme s'il s'agit d'une stratégie apaisante habituelle", déclare l'autrice principale, Jenny Radesky, pédiatre à l’hôpital pour enfants de l'université du Michigan, dans un communiqué.

Les résultats de l'étude suggèrent que l'association entre l'apaisement avec un appareil numérique et les conséquences émotionnelles négatives était particulièrement élevée chez les jeunes garçons et les enfants hyperactifs, impulsifs et avec un tempérament fort, ce qui les rend plus susceptibles de réagir intensément à des sentiments comme la colère, la frustration et la tristesse.

"Nos résultats suggèrent que l'utilisation d'appareils comme moyen d'apaiser les enfants agités peut être particulièrement problématique pour ceux qui ont déjà des difficultés à faire face aux émotions", explique Jenny Radesky. “Plus les appareils sont utilisés souvent, moins les enfants et leurs parents s'entraînent à utiliser d'autres stratégies d'adaptation”, poursuit-elle.

Solutions alternatives pour calmer son enfant sans appareil électronique 

D’autres méthodes existent pour apaiser son enfant et l’aider à mieux gérer ses émotions, souligne Jenny Radesky. Elle en préconise notamment trois types :

D’abord, les techniques sensorielles. Chaque enfant a ses préférences en la matière en fonction de sa personnalité, mais cela peut inclure des balancements, des câlins, sauter sur un trampoline, écraser du mastic dans ses mains, écouter de la musique ou regarder un livre. Si vous voyez votre enfant s'énerver, canalisez cette énergie dans des mouvements corporels ou des approches sensorielles, conseille la pédiatre.

Ensuite, nommez l'émotion et ce qu'il faut faire à ce sujet : lorsque les parents étiquettent ce qu'ils pensent que leur enfant ressent, ils aident tous les deux l'enfant à relier le langage aux états émotionnels, mais ils montrent également à l'enfant qu'ils sont compris. Plus les parents peuvent rester calmes, plus ils peuvent montrer aux enfants que les émotions sont "mentionnables et gérables", affirme Jenny Radesky.

Les comportements de remplacement efficaces pour gérer ses émotions

Autre recommandation de la pédiatre : utilisez des zones de couleur. Lorsque les enfants sont jeunes, ils ont du mal à penser à des concepts abstraits et compliqués comme les émotions. Les zones de couleur (bleu pour s'ennuyer, vert pour calme, jaune pour anxieux/agité, rouge pour explosif) sont plus faciles à comprendre pour les enfants et peuvent être transformées en un guide visuel.

Enfin, conclut Jenny Radesky, proposez des comportements de remplacement : cela peut inclure l'enseignement d'un défouloir stratégique (expliquer que "frapper fait mal aux gens ; frappe plutôt cet oreiller" par exemple) ou une communication plus claire (par exemple une phrase comme "si tu veux mon attention, tape simplement sur mon bras et dis 'excuse-moi, maman”).

"Toutes ces solutions alternatives aident les enfants à mieux se comprendre et à se sentir plus compétents pour gérer leurs sentiments", souligne-t-elle.