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Maladie chronique

Diabète, Alzheimer… Les plus pauvres sont très exposés aux maladies chroniques

Par Alexandra Wargny Drieghe

Comment la pauvreté affecte-t-elle notre santé ? En France, les 10 % des plus modestes ont beaucoup plus de risques d’être touché par une maladie chronique comme le diabète, les pathologies neurologiques et dégénératives, que les 10 % des plus aisés, selon une enquête du ministère de la Santé.

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Les 10 % les plus modestes de la population française développent un diabète 2,8 fois plus souvent que les 10 % les plus aisés.
Les plus pauvres développent également plus souvent d'autres types de maladies chroniques comme Alzheimer, Parkinson ou encore des pathologies du foie et du pancréas.
Selon l’Insee en 2018, “parmi les 5 % les plus aisés, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 84,4 ans, contre 71,7 ans parmi les 5 % les plus pauvres, soit 13 ans d’écart”

De nombreuses études ont déjà montré les liens entre la survenue de pathologies et le niveau de vie des individus. En début d’année, un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) pointait les inégalités sociales concernant les accidents vasculaires cérébraux (AVC) : ils sont 40 % plus fréquents chez les 25 % des Français aux niveaux de vie les plus faibles. Plus inquiétant encore, ces personnes sont également moins bien prises en charge dans les unités neurovasculaires que leurs compatriotes plus riches.

La DREES dresse à présent un nouveau rapport consternant sur les maladies chroniques qui, “à âge et sexe comparables”, touchent plus souvent les Françaises et Français modestes, réduisant davantage leur espérance de vie.

Diabète : 2,8 fois plus de risque d’en souffrir quand on est pauvre

Les 10 % les plus modestes de la population française développent un diabète 2,8 fois plus souvent que les 10 % les plus aisés. Cette inégalité est d’autant plus forte chez les femmes que chez les hommes, avec un risque multiplié par 3,5 contre 1,9 pour leurs homologues masculins.

Mais ce n’est pas tout. D’après le rapport, la population la plus pauvre est également 2,2 fois plus victime de maladies du foie ou du pancréas, 2 fois plus de maladies psychiatriques, 1,6 fois plus de maladies respiratoires chroniques, 1,5 fois plus de maladie neurologiques ou dégénératives (Alzheimer et Parkinson, notamment) et 1,4 fois plus de maladies cardio-neurovasculaires. Toutes ces maladies sont quant à elles plus présentes chez les hommes que chez les femmes.

En revanche, aucune différence significative de risque n’a été mise en évidence pour ce qui concerne les cancers”, précise la DREES.

Espérance de vie : les maladies chroniques la réduisent considérablement

À tous les âges, les personnes atteintes d’une maladie chronique ont un risque de décéder supérieur à celui des personnes non atteintes”, rappelle la DREES. “Il en est de même pour les personnes les plus modestes par rapport aux personnes les plus aisées. Sans les maladies chroniques, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les plus aisés et les plus modestes serait réduit de plus d’un tiers.” Selon l’Insee en 2018, “parmi les 5 % les plus aisés, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 84,4 ans, contre 71,7 ans parmi les 5 % les plus pauvres, soit 13 ans d’écart”. Pour les femmes, cet écart est réduit à 8 ans.

Les maladies qui creusent le plus les inégalités en matière d’espérance de vie sont les maladies psychiatriques et les maladies cardio-neurovasculaires. Mais le niveau de vie n’est qu’un élément parmi tant d’autres, rappelle le ministère de la Santé. “Les origines des disparités sociales constatées sont multiples : les conditions de vie et de travail, l’accès aux soins, la littératie en santé [NDLR : la capacité à comprendre des informations de santé] et les comportements individuels, par exemple.