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Pollution

Fibromes utérins : ces produits du quotidien augmentent leur croissance

Par Margot Montpezat

Des scientifiques américains ont démontré un lien de causalité entre les substances toxiques présentes dans les produits de consommation courante et la croissance accrue des fibromes utérins, les tumeurs les plus courantes chez les femmes.

Henadzi Pechan/iStock
Selon le baromètre IRSN 2019, la moitié des Français interrogés considèrent ainsi que les risques liés aux perturbateurs endocriniens sont forts.
L’OMS estime que 23 % de la mortalité mondiale est liée à l’environnement, ce qui représente 12,6 millions de décès par an, dont 1,4 million pour l’Europe.
Les substances chimiques toxiques, dont les perturbateurs endocriniens, contribuent à cette mortalité.

Les polluants toxiques sont partout, y compris dans les emballages alimentaires, les produits capillaires et le maquillage… et leurs conséquences néfastes sur la santé ont déjà été maintes fois pointées du doigt par les scientifiques.

Une étude sur l’implication des phtalates environnementaux sur la croissance des fibromes utérins publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences démontre aujourd'hui que les femmes fortement exposées à certains phtalates tels que le DEHP, une substance qui permet d’augmenter la flexibilité des plastiques, présentent un risque élevé de fibrome symptomatique.

Les phtalates activent la croissance des fibromes utérins 

Les léiomyomes utérins (ou fibromes) représentent la tumeur bénigne la plus courante, touchant jusqu'à 80 % des femmes en âge de procréer. "Un quart de ces femmes deviennent symptomatiques et présentent des saignements utérins excessifs et incontrôlés, une anémie, des fausses couches, une infertilité et de grosses tumeurs abdominales nécessitant des interventions chirurgicales techniquement difficiles", a déclaré le Dr Serdar Bulun, auteur de l'étude, médecin à la Northwestern Medicine et président du département d'obstétrique et de gynécologie de la Northwestern University Feinberg School of Medicine.

C’est la première fois qu’une étude explique les mécanismes qui sous-tendent ce lien. D'après les chercheurs, l'exposition au DEHP peut "activer une voie hormonale qui permet à un récepteur sensible à l'environnement (AHR) de se lier à l'ADN et de provoquer une croissance accrue des fibromes”.

Le récepteur d’aryl d’hydrocarbone (AHR pour "aryl hydrocarbon receptor") a en effet un rôle dans la réponse aux toxines environnementales. "Il est intéressant de noter que l'AHR a été cloné au début des années 90 comme récepteur de la dioxine, la principale toxine de l'agent orange", a déclaré le Dr Serdar Bulun. "L'utilisation de l'agent orange pendant la guerre du Vietnam a provoqué d'importantes anomalies de la reproduction chez les populations exposées ; et l'on pensait alors que la dioxine et la procréation assistée en étaient responsables."

La dangerosité des perturbateurs endocriniens est reconnue

L’Europe et la France ont mis en place une stratégie sur les perturbateurs endocriniens, dont les phtalates. Mais aux Etats-Unis, les fabricants utilisent des phtalates dans de nombreux produits industriels et de consommation, et ils ont également été détectés dans des fournitures médicales et des aliments. En effet, bien qu'ils soient connus pour leur toxicité puisqu’ils peuvent causer des dommages spécifiques aux tissus humains, ils ne sont actuellement pas interdits là-bas, indiquent les chercheurs.