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Femmes malades

L’endométriose, une maladie gynécologique aggravée par la pollution

Par Mathilde Debry

L’endométriose, une maladie gynécologique qui touche 10% des femmes, est aggravée par la pollution.

Deagreez / istock.
Pour lutter contre l’errance diagnostique et améliorer la prise en charge des femmes touchées par l'endométriose, une mission a été lancée en mars 2021.
Cela a permis de doter la France d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose.

"Récemment, une revue de la littérature a été réalisée à partir d’une cinquantaine d’études. Elle montre que l’exposition aux PCB est associée à une augmentation de 70 % du risque d’endométriose, aux dioxines à une augmentation de 65 % et aux pesticides organochlorés à une augmentation de 23 %". Dans une enquête de Reporterre, Marina Kvaskoff, épidémiologiste et chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), explique que l’endométriose est aggravée par la pollution. "En 2020, une méta-analyse portant sur vingt-neuf études pointait déjà un lien entre endométriose et esters de phtalate, bisphénol A, polluants environnementaux organochlorés – dioxines, composés de type dioxine, pesticides organochlorés, PCB", rapporte aussi la journaliste Émilie Massemin.  

L'endométriose se caractérise par la présence de fragments d’un tissu semblable à l’endomètre (muqueuse tapissant l’intérieur de l’utérus) en dehors de la cavité utérine, au niveau de différents organes : appareil génital, ovaires, rectum, vessie, intestins, poumons, etc. Au moment des règles, ces fragments tissulaires réagissent aux stimulations hormonales et provoquent une inflammation, elle-même à l’origine de douleurs  invalidantes et d’une grande variété de symptômes (troubles digestifs, problèmes urinaires, fatigue, etc..).

Origines

Plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer les origines de l’endométriose. À l’heure actuelle, on pense que la pathologie découle :
- de menstruations rétrogrades, qui se caractérisent par la remontée de sang menstruel contenant des fragments d’endomètre par les trompes de Fallope et jusque dans la cavité pelvienne, alors même que les règles se produisent et que du sang s’écoule le long du bassin et est évacué de l’organisme par le vagin. Les menstruations rétrogrades peuvent amener des cellules semblables à du matériel utérin à se déposer en dehors de l’utérus, où elles s’implantent et se développent ;
- d’une métaplasie, à savoir la transformation d’un tissu en un autre. Il se pourrait que des cellules situées en dehors de l’utérus se transforment en des cellules semblables à du matériel utérin et commencent à croître ;
- de cellules souches provoquant la maladie, laquelle se propagerait ensuite dans l’organisme à travers les vaisseaux sanguins et lymphatiques.

Réponse immunitaire

"D’autres facteurs peuvent contribuer au développement ou à la présence continue d’endomètre ectopique" précisent les experts en santé publique. "On sait par exemple que les œstrogènes favorisent les inflammations, le développement de l’endométriose et les douleurs qui y sont associées, et jouent donc un rôle dans la maladie", poursuivent-ils. Une altération ou déficience de la réponse immunitaire, des influences hormonales complexes et localisées et la génétique pourraient aussi jouer un rôle dans l'apparition de la pathologie.