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Génétique

L’influence des gènes des futurs papas sur le sexe de leur progéniture

Par Camille Sabourin

Les gènes des futurs papas ont une influence sur le sexe de leur progéniture.

kinugraphik / iStock
Il existerait un gène encore non identifié qui affecterait le nombre de chromosomes X ou Y dans le sperme, et donc le sexe des futurs enfants.
Un homme avec plus de frères aura probablement plus de fils, et s'il a davantage de soeurs, plus de filles.

Si vous souhaitez connaître le sexe d'un futur enfant, consultez l'arbre généalogique du père. Une étude de l'Université de Newcastle (Royaume-Uni) menée auprès de milliers de familles le suggère. Au total, 927 arbres généalogiques ont été épluchés. Ils incluent les données de 556 387 personnes en Amérique du Nord et en Europe, depuis l’an 1600. Selon l'auteur principal de l'étude, Corry Gellatly, les hommes héritent de la tendance à avoir plus de fils ou de filles. Ceux ayant plusieurs frères sont plus susceptibles d'avoir des fils, alors que les hommes ayant plusieurs sœurs ont plus de probabilités d'avoir des filles. "Chez les femmes, cependant, vous ne pouvez pas le prédire", a-t-il  déclaré. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue Evolutionary Biology.

Le rôle des chromosomes

Jusqu'à présent, on savait que les hommes déterminaient le sexe de leurs futurs bébés en fonction du chromosome X ou Y contenu dans leur sperme. La combinaison du chromosome X paternel avec le chromosome X de la mère produit une fille (XX), tandis que le chromosome Y du père avec le chromosome X maternel donne un garçon (XY). Pour les chercheurs de l'université de Newcastle, il y aurait un gène encore non identifié qui affecterait le nombre de chromosomes X ou Y dans le sperme, et donc le sexe des futurs enfants.

Plusieurs combinaisons possibles

Un gène est composé de deux parties, appelées allèles. Chaque allèle e est hérité de l'un des deux parents. Dans ses travaux, Corry Gellatly a émis l'hypothèse que les hommes puissent porter deux types d'allèles différents. Cela sous-entend donc qu'il existerait trois combinaisons possibles pour un gène. Les hommes avec la première combinaison (nommée mm) produiraient plus de chromosomes Y et auraient plus de fils. Ceux dotés de la deuxième combinaison (mf) engendreraient à peu près le même nombre de fils et de filles. Les derniers (ff), produisant plus de chromosomes X, auraient donc plus de filles.

La clé de l'équilibre démographique ?

"Ce gène transmis par les deux parents, qui fait que certains hommes ont plus de fils et d’autres plus de filles, peut expliquer pourquoi nous voyons un nombre à peu près égal d'hommes et de femmes dans la population. Par exemple, s'il y a trop d'hommes dans la population, les femmes trouveront plus aisément un partenaire, de sorte que les hommes qui ont plus de filles transmettront davantage de leurs gènes, ce qui fera naître plus de femmes dans les générations futures", expose Corry Gellatly.

Le cas des guerres

Selon les auteurs de l'étude, cette théorie pourrait expliquer le fait qu'il y ait eu une augmentation soudaine du nombre de garçons dans les pays qui ont participé aux deux guerres mondiales. En fait, les hommes qui avaient le plus de fils étaient plus susceptibles de voir l'un d'eux revenir vivant des affrontements. Ces survivants, qui disposaient des gènes de leur père, pouvaient donc avoir plus de garçons. À l'inverse, ceux qui avaient plus de filles étaient susceptibles de perdre leur fils unique, et donc également le gène pour engendrer plus de filles.