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Dépistage

Cancer de la prostate et dosage PSA : le difficile équilibre entre prévention et surdiagnostic

Par Paul-Emile François

Le dosage de PSA dans la prévention du cancer de la prostate peut entraîner des surdiagnostics. Mais ne plus utiliser ce test pourrait conduire à une multiplication des diagnostics tardifs de cancers de haut grade et métastatiques.

Vadzim Kushniarou/iStock
Le dosage de PSA, une protéine qui signale des cellules cancéreuses, permet de dépister le cancer de la prostate
Mais ce test entraîne souvent des surdiagnostics et des traitements inutiles
Depuis qu'il est moins utilisé, les diagnostics de cancers graves et de métastases seraient en hausse

Un excès de zèle ? A force de réduire l'usage du dosage de PSA dans le cancer de la prostate pour éviter des sur-diagnostics et des traitements inutiles, aurait-on laissé passer des cas de cancer de stade supérieur avec métastases ? C'est la question qui se pose après la publication dans le Journal de l'Institut National de Cancer d'une étude menée par des scientifiques du Weill Conell Medical Center et qui montre que, parallèlement aux efforts réalisés pour minimiser la surdétection de cancers, l'incidence des cas graves de la maladie et des métastases au moment du diagnostic a augmenté.

Les avantages du test PSA ne l'emportent pas sur les risques

"L'une des faiblesses du dépistage du cancer de la prostate avec un test de PSA -une protéine surproduite dans les cellules cancéreuses- est qu'il conduit à une surdétection des cancers indolents qui ne font pas courir de risque aux patients mais dont le diagnostic les soumettent à l'anxiété et à d'autres tests parfois invasifs", remarque le Dr Jim Hu, auteur principal de l'étude. Depuis plusieurs années, le dépistage n'est plus recommandé car les avantages du test PSA ne l'emportent pas sur les risques.

L'étude a été menée à partir des données de 438 000 hommes atteints d'un cancer de la prostate nouvellement identifié entre 23010 et 2018. Les chercheurs ont examiné les tendances de l'incidence du cancer de la prostate à l'aide de plusieurs mesures : un score pathologique basé sur l'examen microscopique des cellules de la prostate, le niveau de PSA, la présence de métastases au moment du diagnostic et la prise en compte d'autres facteurs comme le taux d'obésité. 

Augmentation des taux de métastases au moment du diagnostic

Cette analyse a bien révélé une diminution significative de l'incidence du cancer de la prostate le moins risqué, passant de 52 à 26 cas pour 100 000 hommes. Mais en revanche, les taux de métastases au moment du diagnostic sont passés de 3 à 5,2% au cours de la même période, l'arrêt des tests PSA semblant être le principal moteur de ces tendances. "Le fait que seulement 10% des cas de prostatectomie radicale présentent un cancer de bas grade indique que même lorsque ce type de maladie est diagnostiqué, il est traité beaucoup moins fréquemment", souligne par ailleurs le Dr Hu.

Les auteurs de ces travaux suggèrent que les autorités de santé publique devraient "mettre en place un dépistage stratifié en fonction des risques, comme l'IRM ou les biomarqueurs, en continuant de minimiser le surdiagnostic et d'éviter la biopsie chez les patients atteints d'un cancer à faible risque tout en s'attaquant aux tendances à la hausse du cancer de la prostate de haut grade et métastatique".

Ci-dessous, notre émission Questions aux Experts sur le cancer de la prostate :