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Neurosciences

Comment notre cerveau "range" nos souvenirs pour planifier nos actions futures

Par Paul-Emile François

La découverte de la façon dont le cerveau utilise la mémoire pour nous aider à anticiper éclaire sur des mécanismes touchés par des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

Damir Khabirov/iStock
Notre cerveau organise les souvenirs pour qu'ils puissent être réactivés lors d'une décision à prendre
La découverte de ce mécanisme pourrait aider à mieux comprendre les défaillance de la mémoire constatée dans des maladies comme Alzheimer

Si notre cerveau conserve nos souvenirs, ce n'est pas seulement pour que nous puissions regarder notre passé. C'est aussi et même surtout pour que les expériences vécues soient des aides pour planifier les comportements futurs. Mais comment fonctionne cette mécanique ? Des chercheurs de l'université de Californie ont découvert que cette mémorisation pour action s'organise dans l'hippocampe et comment elle s'organise. Leurs travaux ont été publiés dans Nature Communications.

Une image dynamique du fonctionnement du cerveau

Pour repérer les circuits neuronaux qui entrent en jeu dans le séquençage des souvenirs dans le temps, les scientifiques ont travaillé durant trois ans sur des modèles animaux ("Nous ne pouvons pas coller des électrodes sur un cerveau humain!", soulignent-ils). Ils ont surveillé le déclenchement des neurones de cerveaux de rongeurs au cours de tests d'identification d'odeurs. Cela leur a permis de voir quelles cellules s'activent ou non à un moment donné et de dessiner un aperçu de la façon dont le cerveau représente et calcule l'information. En quelque sorte, il ont visualisé une image dynamique du fonctionnement du cerveau. Et cela leur a, par exemple, apporté un éclairage sur la relation mémoire-capacité d'anticipation :"Lorsque les sujets anticipaient quelque chose qui n'a pas encore eu lieu, les signature qui marquent leur reconnaissance d'une odeur sont rapidement rejouées alors qu'ils pensent à l'avenir", explique Babak Shahbaba, co-auteur de cette étude.

Mieux comprendre les défaillances de la mémoire

Certes, mais qu'est-ce qu'apporte cette avancée dans la compréhension des mécanismes cérébraux ? "Cette découverte est peut-être la première étape critique vers la compréhension des défaillances de la mémoire dans des troubles cognitifs tels que la maladie d'Alzheimer", souligne Nicolas Fortin qui a dirigé ces travaux. "Notre cerveau garde un assez bon enregistrement du moment où des expériences ou des événement se produisent, ce qui aide le fonctionnement cérébral dans la vie quotidienne, mais avant cette étude, nous n'avions pas une idée claire des mécanismes neuronaux qui sont derrière ces processus", ajoute-t-il. Or c'est justement ce mode de mémorisation qui est altéré dans des troubles neurologiques ou à cause du vieillissement.