ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Diabète : la suppression des anciennes cellules graisseuses, nouvelle piste de traitement

Sénescence cellulaire

Diabète : la suppression des anciennes cellules graisseuses, nouvelle piste de traitement

Par Charlotte Arce

L’élimination des cellules dysfonctionnelles ou trop anciennes situées dans la graisse corporelle atténuerait les symptômes du diabète.

Ugreen/iStock
Testée sur des souris obèses, la combinaison de deux médicaments permet d'éliminer les cellules sénescentes dans les tissus adipeux humains, ce qui atténue les symptômes du diabète. 
Des essais cliniques sur des patients humains sont désormais prévus pour déterminer si ce traitement leur permet d'améliorer leur diabète de type 2.

La sénescence cellulaire est-elle liée à certaines maladies métaboliques comme le diabète de type 2 ? C’est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe de recherche du UConn Health, rattaché à l’université du Connecticut (États-Unis). Dans une étude publiée dans la revue Cell Metabolism, les chercheurs affirment que l’élimination des cellules sénescentes présentes dans la graisse corporelle mettrait fin au comportement diabétique de souris obèses. L'atténuation des effets négatifs de la graisse sur le métabolisme est un résultat spectaculaire, affirment les auteurs de l’étude, qui espère désormais que cette thérapie soit applicable chez l’humain.

Une combinaison de médicaments qui éliminent les cellules vieillissantes

La sénescence cellulaire est un processus qui vise à renouveler constamment les cellules de notre organisme : les cellules vieillissantes meurent et sont au fur et à mesure remplacée par de nouvelles. Mais il arrive que ce processus se dérègle : les cellules anciennes ou dysfonctionnelles peuvent subsister et exercer une influence négative sur leur environnement, en particulier sur les cellules voisines qui traitent les sucres ou les protéines, ce qui provoque des problèmes métaboliques.

Partant de ce constat, les chercheurs du Uconn Health ont mené leurs travaux sur des souris atteintes d’obésité. Ils ont testé sur elles une combinaison de médicaments expérimentaux, le dasatinib et la quercétine, qui avait déjà montré des effets positifs que la santé des souris âgées.

Ils ont ici découvert que ces deux médicaments étaient capables de tuer les cellules sénescentes provenant de cultures de tissus adipeux humains. Les tissus ont été donnés par des personnes souffrant d'obésité et connues pour avoir des problèmes métaboliques. Sans traitement, les tissus adipeux humains ont induit des problèmes métaboliques chez des souris immunodéficientes. Après un traitement au dasatinib et à la quercétine, les effets nocifs du tissu adipeux ont été pratiquement éliminés.

"Ces médicaments peuvent rendre la graisse humaine saine, et cela pourrait être formidable, estime le Pr Ming Xu, professeur adjoint au UConn Center on Aging. Les résultats ont été très impressionnants et ont ouvert la voie à d'éventuels essais cliniques."

Le Pr Xu et ses collègues souhaitent désormais mener des essais cliniques pour déterminer si la combinaison de dasatinib et quercétine peut améliorer le diabète de type 2 chez des patients humains.

L’espoir d’un nouveau traitement

Les auteurs de l’étude souhaitent aussi poursuivre leurs recherches sur une population de cellules sénescentes jusqu'alors inexplorée, qui expriment des niveaux élevés de p21, qui est un inhibiteur de la kinase dépendant de la cycline, et l'un des principaux marqueurs de la sénescence cellulaire. Sur des souris obèses, ils ont démontré que l'élimination de ces cellules sénescentes une fois par mois est efficace pour ralentir le développement du diabète et atténuer les symptômes du diabète. Ils espèrent que cette découverte débouchera sur de nouveaux traitements du diabète de type 2, ainsi que d'autres maladies métaboliques.