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Obésité : et si la perturbation du rythme circadien par les régimes riches en graisse était en cause ?

Par Mégane Fleury

Un régime alimentaire trop riche en matières grasses pourrait perturber l'activité neuronale dans une zone du cerveau associée aux rythmes circadiens. 

huettenhoelscher/istock
L’une des limitations de l’étude est que les rythmes circadiens des rats sont inversés par rapport à ceux des humains : ce sont des animaux nocturnes.
Restaurer les rythmes circadiens pourrait permettre d’éviter la sur-consommation calorique.
17% des adultes sont atteints d’obésité en France.

Les conséquences de l’obésité sont visibles, mais ses causes demeurent mal connues. Dans la plupart des cas, une combinaison de facteurs explique son apparition. Dans The Journal of Physiology, une équipe de chercheurs polonais présente une nouvelle piste d’explication. D’après leurs résultats, un régime trop riche en graisse pourrait perturber le rythme circadien et ainsi contribuer à l’apparition de l’obésité. La notion de rythme circadien désigne le rythme biologique : les cycles de 24 heures où des périodes de veille et de sommeil s’alternent.  

Un régime alimentaire très riche en graisses 

Dans cette recherche, les scientifiques se sont appuyés sur l’observation des rats. Ils ont été nourris selon deux régimes : soitune alimentation équilibrée, dans lequel les graisses représentaient 10% des calories totales, et soit un régime excédentaire en graisse, elles comptaient pour 70% de l’ensemble des calories. Pour imiter l'impact d'une alimentation trop riche sur les humains, les chercheurs ont fait ingérer ce nouveau régime à des rats adolescents (âgés de 4 semaines) et les ont surveillé pendant quatre semaines.

Des effets sur les neurones

Pour comprendre l’effet de l’alimentation sur le rythme circadien, les chercheurs ont observé le complexe dorsal vagal, une partie du tronc cérébral. Des études précédentes ont démontré que cet ensemble a un rôle dans le contrôle de la prise alimentaire. Dans cette recherche, des enregistrements électro-physiologiques ont été effectués pour mesurer l'évolution de l'activité neuronale dans le complexe dorsal vagal. L'utilisation de réseaux d’électrodes a permis de surveiller simultanément une centaine de neurones de chaque tranche de tronc cérébral. Ainsi, les chercheurs ont pu évaluer les changements circadiens de l'activité neuronale ainsi que les réponses neuronales aux hormones liées à chacun des groupes de régime. Ils ont constaté des perturbations du rythme circadien des rongeurs. Chez ceux nourris avec une alimentation riche en graisse, le pic d’activité dans le complexe dorsal vagal se situait à la fin de la journée, alors qu’il s’agit normalement d’une phase de repos. 

Restaurer l’horloge biologique pour lutter contre l’obésité ?

Pour les auteurs de cette étude, les résultats sont prometteurs pour la lutte contre l'obésité. "Je suis vraiment enthousiasmé par cette recherche en raison des possibilités qu'elle offre pour lutter contre l’obésité, souligne Dr Lukasz Chrobok, auteur principal de la recherche. Nous ne savons toujours pas quels sont les repères temporels capables de réinitialiser ou de synchroniser l'horloge du tronc cérébral." Il espère que la restauration des rythmes circadiens permettra de développer de nouvelles pistes thérapeutiques.