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Cerveau et testicules : des points communs inattendus

Par Jean-Guillaume Bayard

Les testicules et le cerveau partagent de nombreuses similarités, notamment génétiques et fonctionnelles.

magicmine/iStock
Les testicules et le cerveau partagent 13 442 protéines en commun.
Les deux organes possèdent le plus grand nombre de gènes communs parmi tous les organes.
Ces similarités seraient le fait de leur implication dans la spéciation, le phénomène évolutionnaire qui a abouti à la différentiation des espèces.

Les testicules, l’autre cerveau des hommes ? La question ne paraît pas si aberrante à en croire les résultats d’une étude menée conjointement par des chercheurs portugais et anglais. Publiée le 2 juin dans la revue Royal Society Open Biology, celle-ci révèle que les deux organes ont bien plus en commun que ce que l’on imaginait. Ils partagent notamment de nombreuses similarités génétiques et fonctionnelles. Ce lien explique, par exemple, pourquoi les niveaux de testostérone, principalement produite par les testicules, influent sur le caractère.

De nombreux gènes et protéines en commun

Les chercheurs de l’université d’Aveiro au Portugal et de l’université de Birmingham au Royaume-Uni ont comparé les protéines des cellules issues de 33 types de tissus d’organes tels que le cœur, les intestins, les ovaires et le placenta. Cette analyse a révélé que les testicules et le cerveau partagent 13 442 protéines en commun. “Le cerveau et les testicules ont le plus grand nombre de protéines en commun, comparés à d’autres organes”, affirment les chercheurs. L’étude a également révélé que les deux organes possèdent le plus grand nombre de gènes communs parmi tous les organes.

Les points communs entre les deux organes ne s’arrêtent pas là. En effet, le cerveau et les testicules sont deux gros consommateurs d’énergie. Le premier pour mener des processus complexes comme la pensée et le second pour produire des millions de spermatozoïdes par jour. Ils ont également tous les deux des cellules spécialisées leur permettant d’entretenir les neurones, pour le cerveau, et les cellules germinales, pour les testicules.

Un résultat de l’évolution

Outre leur composition, le cerveau et les testicules ont, de manière plus improbable, un fonctionnement similaire. Cela s’observe dans le comportement des neurones et des cellules des testicules. Les deux types de cellules pratiquent l’exocytose, un procédé de sécrétion de biomolécules de la cellule vers son environnement extérieur. Ce mécanisme permet aux cellules du cerveau de communiquer entre elles par le biais des neurotransmetteurs. Dans le sperme, c’est ce processus qui est utilisé pour fusionner avec l’ovule et le fertiliser.

Selon les chercheurs, ces similarités sont le fait de leur implication dans la spéciation, le phénomène évolutionnaire qui a abouti à la différentiation des espèces. C’est par ce phénomène que l’humain est parvenu à se différencier d’autres animaux, comme par exemple les chimpanzés. Cela concerne notamment 60 gènes qui “contribuent à la définition de caractère phénotypique propre aux humains comme des capacités cognitives améliorées”, indiquent les auteurs de l’étude.