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Sexualité

Douleurs pendant les rapports : La thérapie de couple, une alternative aux médicaments

Par Mégane Fleury

En comparaison à la lidocaïne, une thérapie de douze semaines est deux fois plus efficace.

KatarzynaBialasiewicz/istock
Les causes de ces troubles sexuels ne sont pas clairement identifiées : ils pourraient être provoqués par l'inflammation dans la zone vulvaire, par la prise de contraceptifs oraux, par des prédispositions génétiques ou par la dépression.
Le rôle du partenaire est primordial dans leur prise en charge, d'où l'intérêt de la thérapie de couple.
À l'issue de l'essai, les couples ont affirmé mieux comprendre l'autre et son ressenti.

Une femme sur cinq souffre de douleurs pendant les rapports sexuels. Elles peuvent avoir des causes différentes : infection, traumatisme, etc. Des chercheurs de l’université de Montréal se sont intéressés à la vestibulodynie provoquée. Selon eux, elle concerne 8% des femmes en Amérique du Nord : cette pathologie génère des douleurs intenses au moment des rapports sexuels ou lors de l’insertion d’un tampon. L’un des seuls traitements proposés est l’application d’une crème anesthésiante, la lidocaïne. L’équipe canadienne s’est intéressé à une alternative : la thérapie de couple. Les résultats de leur étude sont publiés dans Journal of Consulting and Clinical Psychology

Briser le cercle vicieux

"L’intervention psychologique est recommandée car lorsque la douleur s’installe, elle a un impact tellement important sur la sexualité et sur la vie de couple qu’il devient primordial de briser le cercle vicieux de peur et d’évitement", explique Sophie Bergeron, directrice de l’étude. Elle souligne que la pathologie provoque souvent une perte de désir, de la frustration et une anxiété. Pour tester l’effet de la thérapie de couple, la scientifique et son équipe ont recruté 108 couples, concernés par la vestibulodynie provoquée. Une partie du groupe avait pour seule possibilité, l’application de la crème, le reste des participants a suivi une thérapie de couple pendant douze semaines. Cette dernière s’est révélée deux fois plus efficace que la lidocaïne : les femmes l’ayant suivi se sentaient deux fois plus satisfaites sexuellement, en comparaison aux autres, leurs partenaires trois fois plus. La thérapie de couple a permis de réduire leur peur de la douleur et leur détresse sexuelle, tout en améliorant leur expérience du rapport sexuel.

En quoi consiste la thérapie ?

Les couples ont expérimenté les thérapies de l’acceptation et de l’engagement. "L’acceptation signifie qu’au lieu de demander à quelqu’un de changer sa manière de penser, nous les poussons à l’accepter", souligne Sophie Bergeron. Cela repose sur l’utilisation de la défusion cognitive, une méthode qui créé une distance entre une personne et ses pensées. "Au début de la thérapie, les femmes se définissaient par leurs douleurs génito-pelviennes, explique-t-elle. La thérapie les a aidées à réduire le poids de ces pensées sur elles-mêmes." Les thérapeutes ont aussi aidé les femmes à arrêter d’associer le sexe à la douleur. "Nous avons essayé d’explorer d’autres aspects de la sexualité qui peuvent générer du plaisir, ajoute la scientifique. (…) Souvent, c’est la pénétration qui est douloureuse, donc nous essayons de ne pas toujours nous concentrer là-dessus." Enfin, une partie de la thérapie avait pour objectif de réguler les émotions des deux partenaires : qu’il s’agisse de la douleur ou de la frustration. Selon Sophie Bergeron, cette thérapie pourrait être efficace dans la prise en charge d’autres douleurs génito-pelviennes.