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Covid-19 : mélanger les vaccins est “sûr et efficace”

Par Jean-Guillaume Bayard

Recevoir une première dose de l’AstraZeneca et une seconde du Pfizer serait “sûr et efficace” et engendrerait même plus d’anticorps que lors de l’administration du même vaccin lors des deux injections.

solarseven/iStock
Une première injection d'AstraZeneca suivie d'une dose de Pfizer augmente les titres d'anticorps (la quantité d’anticorps) IgG jusqu'à 150 fois.
La combinaison de vaccins entraîne 7 fois plus d'anticorps neutralisants après la 2e dose contre 3 fois plus après deux injections AstraZeneca et cinq ou six fois pour la double dose de Pfizer.
Aucun effet secondaire n’a conduit à des soins médicaux supplémentaires ou à une hospitalisation.

Mélanger les vaccins ne semble pas poser de problème et serait même “sûr et efficace”, à en croire les résultats d’une étude menée en Espagne. Dans des résultats préliminaires présentés mardi dernier et également partagé par la revue scientifique Nature, l’institut de santé Carlos III (ISCIII), qui dépend du ministère de la Santé espagnole, se veut rassurant alors que deux millions d’espagnols devraient être concernés par une combinaison de vaccins. “Ceux qui ont reçu une première dose d'AstraZeneca peuvent recevoir en toute sécurité et efficacement une deuxième dose de Pfizer”, a affirmé Jesús Antonio Frías qui a coordonné l'essai Combivacs qui a étudié l’administration combinée de l’AstraZeneca et du Pfizer. 

Plus d’anticorps neutralisants

En France, recevoir deux injections de deux produits différents concerne les personnes de moins de 55 ans qui ont reçu AstraZeneca en première dose. Pour ces patients, la deuxième dose doit contenir un vaccin à ARN messager, Pfizer ou Moderna. Cette recommandation de la Haute autorité de santé (HAS) date du 9 avril dernier et fait suite à la remontée de cas de thromboses chez plusieurs personnes. L'utilisation du vaccin d'AstraZeneca a été un temps suspendue avant de reprendre avec un astérisque : ce produit est désormais réservé aux plus de 55 ans. Entre-temps, plus de 500 000 patients de moins de 55 ans qui l'ont reçu en première dose doivent donc recevoir du Pfizer ou Moderna en deuxième dose. 

Pour cette étude, les chercheurs ont comparé la réponse immunitaire chez 600 patients. Parmi eux, 442 ont reçu le Pfizer en deuxième injection après avoir reçu l’AstraZeneca lors de la première et 221 n’ont eu que la première dose. Le cocktail de vaccins dans le premier groupe a généré un nombre d’anticorps “très satisfaisants” quatorze jours après la deuxième injection se sont félicités les chercheurs. “En ce qui concerne le niveau de départ, après la deuxième dose de Pfizer, les titres d'anticorps (la quantité d’anticorps) IgG augmente jusqu'à 150 fois et celui des anticorps neutralisants augmente environ sept fois”, a constaté Teresa Pérez, la coordinatrice du laboratoire de sérologie de l'Institut de santé Carlos III.

Pas d’effets secondaires graves 

Bien que cette étude n’ait pas comparé la vaccination avec deux doses du même vaccin, les chercheurs estiment que les résultats montrent une meilleure réponse immunitaire après la combinaison de deux vaccins. Le niveau d’anticorps “est supérieur à celle trouvée dans la littérature”, assure José Alcamí, chercheur à l’ISCIII, qui montre que le nombre d’anticorps neutralisants augmente d’environ trois fois avec la deuxième dose d'AstraZeneca et cinq ou six fois pour la double dose de Pfizer.

Par ailleurs, aucun effet secondaire n’a conduit à des soins médicaux supplémentaires ou à une hospitalisation. L'apparition de douleurs au site d'infection (88,2%) est l’effet indésirable qui a été le plus rapporté. Environ la moitié des participants ont souffert de maux de tête (44,4%) et d'un malaise général (41,7%) et dans de très rares cas, seulement 2,7%, de la fièvre est apparue. Mais pratiquement tous les symptômes avaient disparu le troisième jour après l'infection. “Les données sont très similaires à celles de l'essai Pfizer”, a noté Magdalena Campins, chef du service d'épidémiologie et coordinatrice de l'essai à l'hôpital Vall D'Hebron de Barcelone.

Des résultats qui se confirment

Ces résultats confirment ceux d’une étude britannique dont les données ont été publiées quelques jours avant dans la revue The Lancet. Celle-ci a mis en évidence une augmentation des réactions légères et modérées mais sans problèmes de sécurité graves après l'association de vaccins. Par ailleurs, les résultats indiquent que les symptômes ne durent pas et se résorbent dans les 48 heures. “Il n'y a pas eu d'hospitalisation en raison de symptômes sollicités, et la majeure partie de cette augmentation de la réactogénicité (réponse immunologique excessive à un vaccin, NDLR) a été observée dans les 48 heures suivant l’immunisation”, ont tenu à préciser les chercheurs.