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Projection

Covid-19 : à terme, une maladie saisonnière ?

Par Diane Cacciarella

Durant la prochaine décennie, l’immunité collective contre la Covid-19 pourrait être atteinte. La maladie pourrait alors devenir saisonnière, avec des symptômes beaucoup moins graves. 

Dan Rentea/iStock
Selon une modélisation de l’évolution de la Covid-19, celle-ci pourrait devenir une maladie bénigne et saisonnière.
D’ici dix ans, l’immunité collective contre la Covid-19 pourrait être atteinte.
Cela dépend également des variants, un facteur que les chercheurs n'ont pas pris en compte.

Depuis le début de l’épidémie de la Covid-19, plus de 100 000 personnes sont décédées à cause de ce virus en France. Inconnu il y a encore deux ans, le Sars-CoV-2 a bouleversé les organismes de certains des malades, en provoquant des formes graves de cette pathologie. Pourtant, des chercheurs de l'Université de l'Utah, aux États-Unis, estiment que la Covid-19 pourrait devenir, d’ici dix ans, une simple maladie saisonnière. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont réalisé une modélisation, présentée dans la revue Viruses, qui prévoit l’évolution de l’immunité collective au fur et à mesure des expositions des humains à ce virus.

L’immunité collective dépendra aussi de l’influence des variants

Selon les chercheurs, plus les Hommes y seront exposés, plus l'immunité augmentera, ce qui va freiner la circulation du Sars-CoV-2 et limitera ses formes graves. Ce phénomène serait dû aux adaptations de la réponse immunitaire des individus, autrement dit à la capacité de leur organisme à mieux combattre le virus. “Au cours de la prochaine décennie, la gravité de la Covid-19 pourrait diminuer à mesure que les populations développent collectivement l'immunité”, souligne Fred Adler, auteur principal de cette étude. À terme, cette maladie ne pourrait être que saisonnière et se limiter aux symptômes d’un rhume. 

La modélisation utilisée par les scientifiques comprend trois facteurs : la gravité des infections, la différence de vulnérabilité face au virus dans la population en fonction de l’âge et la réduction des formes graves due à l’immunité. La première observation, actuelle, est qu’un adulte ayant été faiblement exposé au virus aura plus de chances, s’il est infecté, de contracter une forme moins sévère de la Covid-19 et donc de moins transmettre le virus. En revanche, ceux ayant été en contact d’une forte dose du virus - comme être un long moment dans une pièce fermée avec une forte charge virale dans l’air ambiant - sont plus à risque de développer une forme grave et de contaminer d’autres personnes. En revanche, chez les enfants, l’étude montre qu’il y a statistiquement beaucoup moins de formes graves de la maladie. 

Les variants, l’inconnu

Mais que faut-il faire pour arriver à l’immunité ? Tout comme les autorités, les auteurs préconisent le port du masque et la distanciation sociale. De fait, les individus sont en contact avec le virus qui continue de circuler, ce qui participe à l’immunité, mais le respect des gestes barrières diminue la charge virale et le risque de développer une forme grave. Phénomène renforcé par la vaccination élargie à toutes les tranches d’âges. Ainsi, au fur et à mesure du temps, des contacts avec le virus, des infections antérieures ou encore de la vaccination, toute la population sera immunisée contre les formes sévères et meurtrières du Sars-CoV-2 au cours de la prochaine décennie selon la modélisation des chercheurs. Il n’y a que les enfants qui y seront exposés pour la première fois, mais ceux-ci développent moins de formes graves. Enfin, ces travaux s'appuient aussi sur les connaissances anciennes des autres coronavirus, dont beaucoup sont devenus des maladies saisonnières et bénignes. 

Néanmoins, cette perspective d’atteindre l’immunité collective d’ici dix ans dépend aussi de facteurs qui ne sont pas pris en compte dans la modélisation des chercheurs : les variants. En effet, ils ne prennent en compte que la forme classique de la Covid-19 et ne savent pas si l’évolution envisagée sera la même pour les variants. Ainsi, dans les prochains mois et années, les scientifiques vont comparer leurs calculs prévisionnels avec les chiffres réels de l’évolution de la Covid-19...Et des variants.