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Maladie neurodégénérative

Parkinson : un écouvillon nasal pour détecter précocement la maladie

Par Diane Cacciarella

La synucléine défectueuse, en cause dans la maladie de Parkinson, pourrait être dépistée facilement et très précocement. Ainsi, les patients seraient mieux pris en charge, avant le développement des premiers symptômes de cette pathologie.

Drazen Zigic/iStock
La destruction des cellules cérébrales dans Parkinson serait due à l'accumulation synucléine défectueuse.
La synucléine défectueuse est présente dans le nez avant le développement des premiers symptômes de la maladie.
Des chercheurs proposent de dépister la présence de synucléine défectueuse avec un test par écouvillon nasal.

Selon l’Inserm, 100 000 personnes sont atteintes de la maladie de Parkinson en France. Il s’agit de la deuxième pathologie dégénérative la plus fréquente dans l’Hexagone, après Alzheimer.  Elle se caractérise par trois principaux symptômes moteurs, qui permettent d’établir le diagnostic. L’akinésie tout d’abord, lorsque l’individu ressent une lenteur dans la mise en œuvre et la coordination de ses mouvements. Puis l’hypertonie, qui est une rigidité anormale des muscles. Et, enfin, les tremblements qui concernent surtout les mains et les bras. Jusqu’à présent, les traitements ralentissent la progression de la maladie, mais aucun ne permet de la guérir. Le dépistage le plus précoce possible est donc très important car il permet de débuter la prise en charge tôt. 

Une version défectueuse de la synucléine détruit les cellules cérébrales

Selon une nouvelle étude, publiée dans la revue Brain, il serait possible de dépister la maladie de Parkinson plusieurs années avant la manifestation des premiers symptômes et ce, grâce à un test par écouvillonnage nasal. La même technique que celle utilisée pour le dépistage de la Covid-19, avec les tests PCR et antigéniques. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont intéressés à la synucléine. À l’intérieur du cerveau, Parkinson détruit les cellules. Ce phénomène est dû à l'accumulation d’une version défectueuse de la synucléine, qui est une protéine particulière. Celle-ci serait aussi présente dans le nez, ce qui expliquerait la perte progressive d’odorat de certains patients, plusieurs années avant les manifestations des symptômes moteurs.  

Des traces de synucléine défectueuse chez 46% des patients atteints de Parkinson

Les travaux des scientifiques ont d’abord été menés sur 63 personnes qui avaient un trouble du sommeil qui se caractérise par une expression orale et une activité physique pendant leurs rêves. Il s’agit d’un signe précoce de la maladie dégénérative. Chez ces patients - qui souffraient aussi d’une importante perte d’odorat - les chercheurs ont prélevé des échantillons de cellules dans leurs nez, grâce à des écouvillons, afin de détecter la présence de synucléine défectueuse. Résultat, 44% des participants en avaient dans le nez. Dans un autre groupe, constitué de 41 individus atteints de Parkinson, 46% d’entre eux avait une version défectueuse de la synucléine dans leur nez. En parallèle, 59 personnes n’étant pas diagnostiquées de cette pathologie ont aussi été testées. Seuls 10% de ce troisième groupe avait de la synucléine défectueuse dans leur nez. Selon les chercheurs, ces 10% d’individus pourraient être dans les premiers stades de la maladie de Parkinson.  

Un test par écouvillon nasal pour remplacer la ponction lombaire

La présence de synucléine défectueuse serait l’une des causes neurologiques du développement de Parkinson. Celle-ci serait d’abord présente dans le nez ou l’intestin des patients, et se propagerait ensuite dans le cerveau et le système nerveux. Actuellement, pour dépister la présence de synucléine défectueuse, les médecins prélèvent un échantillon de liquide céphalorachidien dans la colonne vertébrale, par une ponction lombaire. Un examen contraignant, devant être réalisé à l’hôpital et qui peut être douloureux. Ainsi, la solution proposée par ces scientifiques, l’écouvillonnage nasal, serait bien plus rapide et facile à réaliser pour les patients. Mais, des recherches doivent encore être menées pour garantir la fiabilité de ces tests. 

Une fois le diagnostic de synucléine défectueuse posé, plusieurs médicaments existent pour freiner sa progression. “Le diagnostic précoce sera important à l’avenir, lorsque nous disposerons de meilleurs médicaments, assure Alfonso De Simone, l’un des auteurs de l’étude. Plus le diagnostic est tardif, plus les neurones sont endommagés.” Un enjeu car la maladie de Parkinson est l’une des causes majeures de handicap chez les personnes âgées. Chaque année, 8 000 nouveaux cas sont diagnostiqués.