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Saturnisme

Notre-Dame : deux ans après l’incendie, que sait-on sur d'éventuelles intoxications par le plomb ?

Par Jean-Guillaume Bayard

Deux ans après l’incendie qui a fait tomber la flèche de la célèbre cathédrale et brûler 460 tonnes de plomb, l’association Robin des Bois a déposé plante et s’est constituée partie civile pour “mise en danger de la vie d’autrui”.

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Le saturnisme est la maladie correspondant à une intoxication au plomb.
Le plomb reste huit semaines dans le sang avant de se propager dans différents organes et peut provoquer des troubles digestifs, une perturbation des reins, des lésions du système nerveux ou des anomalies de la reproduction.
Pour l'association Robin des Bois, “enclencher une enquête sur les conséquences sanitaires et environnementales de l’incendie est une obligation”.

C’était il y a deux ans, le 15 avril 2019. Les images de la cathédrale Notre-Dame en feu et de sa flèche, tombée devant les caméras de télévision présentes et les yeux de passants interloqués. En plus du symbole, ce sont 460 tonnes de plomb qui ont brûlées et qui se sont envolées sous forme de poussières. Juste après l’incident, des traces de plombs supérieures au seuil de déclaration réglementaire ont été détectées dans le sang d’un enfant. Plusieurs bilans ont été réalisés durant la première année qui ont suivi l’incendie. En tout, 1 216 dosages de taux de plomb dans le sang ont été effectués réalisées par Santé publique France dont 8,2% se trouvent entre le seuil de vigilance (25 microgrammes par litre) et le seuil de déclaration obligatoire (50 µg/L). Seulement 1,1% des plombémies dépassent ce seuil.

Les enfants les plus en danger

Les plombémies faites quelques mois après ne valent rien”, estime Mathé Toullier, présidente de l’association des familles victimes du saturnisme (AFVS), la maladie correspondant à une intoxication au plomb. Le métal “reste maximum huit semaines dans le sang après une intoxication“, explique-t-elle à l’AFP. Ensuite, il se stocke dans le cerveau, le foie, les reins et les os. Or, la majorité des tests se sont déroulés au moment de la rentrée de septembre 2019. Les enfants avaient alors souvent passé des vacances dans un autre environnement non contaminé.

L’intoxication au plomb à faible dose peut provoquer des troubles digestifs, une perturbation des reins, des lésions du système nerveux ou des anomalies de la reproduction. Les enfants y sont particulièrement vulnérables car leur système nerveux est en plein développement et ils sont plus enclins à porter des objets contaminés à la bouche.

Une “mise en danger de la vie d’autrui

Jeudi 8 avril, l’association Robin des Bois, spécialisée dans la défense de l’environnement, a décidé de porter plainte et dénonce une “mise en danger de la vie d’autrui”. Pour son président, Jacky Bonnemains, “enclencher une enquête sur les conséquences sanitaires et environnementales de l’incendie est une obligation”, a-t-il souligné à l’AFP. Il estime que les dépistages des enfants du quartier ont été trop peu nombreux et trop tardifs. En plus, la question de la gestion du plomb sur le chantier “n’est pas du tout réglée”, juge-t-il, avant d’ajouter que la réouverture du parvis de la cathédrale, le 31 mai dernier, après un nettoyage à haute pression, était “prématurée”. Pour le président de Robin des Bois, il aurait fallu “un protocole systématique” pour tester “les dizaines de milliers d’enfants” concernés. “Le plomb c’est une bombe à retardement” qui peut produire des effets à l’âge adulte s’il est “déstocké”, poursuit Mathé Toullier.

La décision de reconstruire la cathédrale à l’identique et avec les mêmes matériaux est également dénoncée par les association des familles victimes du saturnisme et Robin des Bois, ainsi que par le Conseil de la Ville de Paris. “On reprend les matériaux dont l’association a été catastrophique dans l’incendie, la charpente en bois ayant propagé le feu aux feuilles de plomb”, s’indigne Jacky Bonnemains. Par ailleurs, son organisation de défense de l’environnement s’inquiète aussi du devenir des gravats du chantier qui ne se trouvent pas dans des sites agréés pour le traitement des déchets pollués. 

Une première plainte en août 2019

Une première plainte avait été déposée par l’association pour le même motif en août 2019. Elle avait été classée sans suite en décembre 2020. Le procureur de la République avait alors fait valoir que l’intoxication au plomb “intervenant essentiellement par voie d’ingestion”, la seule présence de ce métal lourd dans l’environnement “ne signifiait pas que les travailleurs et les riverains (…) couraient un danger tangible de saturnisme”. Les préconisations de l’Agence régionale de santé Ile-de-France “centrées sur un désempoussiérage/dépollution” dans les zones fréquentées par de “très jeunes enfants paraissaient adaptées à la situation”, avait-il ajouté.