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Vaccins

AstraZeneca : des doutes sur les données d'efficacité et d'absence d'effets secondaires

Par Jean-Guillaume Bayard

Le laboratoire, qui vient d'annoncer que son vaccin est efficace à 80% et ne provoque pas de risque d’effets secondaires graves, aurait utilisé des données “obsolètes” selon l’Institut américain qui supervise les essais cliniques de vaccins. En France, la vaccination contre la Covid-19 sera ouverte dès samedi à tous les plus de 70 ans.

Drazen Zigic/iStock
L’Agence européenne des médicaments avait annoncé jeudi 18 mars dernier que le vaccin AstraZeneca était “sûr et efficace”
Jeudi dernier, un étudiant en médecine de 24 ans est décédé 10 jours après avoir été vacciné avec le produit d'AstraZeneca
En France, 6,35 millions de personnes ont reçu une première dose de vaccin (tous produits confondus) et 2,5 millions ont reçu les deux injections

L’imbroglio autour du vaccin AstraZeneca n’en finit plus. Après la révélation de plusieurs cas de thromboses à travers l’Europe, le laboratoire a voulu rassurer en affirmant que son vaccin est efficace à 79% et qu’il n’entraine aucun risque de formation de caillots sanguins. L’entreprise a même ajouté qu'il permet d’éviter 100% des formes graves de la maladie et des hospitalisations. Ces chiffres s’appuient sur un essai clinique de phase 3 mené aux États-Unis sur plus de 30 000 patients. Selon l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), qui supervise des essais cliniques de vaccins, les données utilisées sont “obsolètes”.

Des données “obsolètes” 

Mais dans un communiqué publié ce mardi 23 mars, le NIAID a indiqué que les craintes sur les données utilisées par AstraZeneca lui ont été transmises par un groupe de surveillance indépendant qui constitue le comité de suivi de l’essai, le Data and safety monitoring board (DSMB). Ce dernier lui a exprimé sa “préoccupation quant au fait qu’AstraZeneca a pu utiliser des informations obsolètes lors de cet essai” aux États-Unis, “ce qui peut avoir abouti à une estimation incomplète de l’efficacité” du vaccin. “Nous exhortons la compagnie à travailler avec le Data and safety monitoring board pour évaluer l’efficacité des données et s’assurer que les données les plus précises, les plus récentes et les plus efficaces possibles soient rendues publiques au plus vite”, a écrit l’Institut.

Pour AstraZeneca, cette annonce est un nouveau revers. Après la suspension de l'utilisation de son vaccin dans plusieurs pays européens à cause d’effets secondaires graves – des cas de thromboses multiples de localisation atypique avec thrombocytopénie et de thrombophlébites cérébrale – l’Agence européenne des médicaments avait annoncé jeudi 18 mars dernier que le sérum est “sûr et efficace”. Dans la foulée, la Haute autorité de santé a mis à jour ses recommandations et estimé que la vaccination avec ce produit doit être pratiquée uniquement pour les plus de 55 ans. L’utilisation du vaccin AstraZeneca depuis repris dans de nombreux pays. 

Une autre affaire a jeté un froid sur ce vaccin. Jeudi dernier, un étudiant en médecine de 24 ans est décédé 10 jours après avoir été vacciné avec le vaccin AstraZeneca. Une enquête est actuellement en cours pour déterminer les causes de sa mort. Selon les premiers éléments, une “hémorragie interne causée par une thrombose” pourrait être à l'origine de ce décès. Mais l'ANSM a déclaré mardi 23 mars "qu'aucun élément ne permet de conclure au rôle du vaccin".

En France, la campagne vaccinale accélère

En France, un nouveau coup d’accélérateur vient d’être donné à la campagne vaccinale. Emmanuel Macron a annoncé ce mardi, à l’occasion de la visite d’un centre de vaccination à Valenciennes (Nord), l’ouverture de la vaccination à tous les plus de 70 ans à partir du samedi 27 mars. “Je veux qu’on organise les choses de manière méthodique, descendre par tranches d’âge”, a-t-il justifié. Pour les plus de 75 ans qui n’ont pas été vaccinés, un numéro de téléphone va être mis en place. Autre coup de booster sur la vaccination, le président de la République a annoncé envisager celle des enseignants “mi-fin avril” face à la hausse de la contamination dans les écoles.

Pour soutenir cette accélération, de nouveaux vaccinodromes “seront opérationnels dans les prochains jours”, a annoncé mardi la ministre déléguée chargée de l’industrie Agnès Pannier-Runacher, sur BFM TV. En tout, 35 centres sont prévus, dont notamment le Stade de France à partir de début avril. Pour l’heure, 6,35 millions de personnes ont reçu une première dose de vaccin et 2,5 millions ont reçu les deux injections. L’objectif du gouvernement, confirmé par le président de la République ce matin, est d’avoir 10 millions de premières doses injectées à la mi-avril et que tous les Français souhaitant se faire vacciner aient pu le faire avant la fin de l'été 2021.