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Facteur majeur d’aggravation

Covid-19 et AVC : l’association de tous les dangers

Par Mathilde Debry

Des séquelles plus graves et plus de décès. Les spécialistes français de l’AVC constatent avec surprise que la Covid-19 aggrave ce problème de santé de différentes manières.

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Avec la Covid-19, les AVC sont plus graves, moins bien soignés, moins opérés et récidivent plus souvent.
Les spécialistes de l'AVC militent pour le maintien d'une chaîne de secours efficace et le développement de traitements alternatifs.

Une étude menée partout en France sur une période allant du début de l’épidémie aux premières semaines du confinement montre que la Covid-19 aggrave fortement les AVC.

Des AVC plus graves

D’abord, l’imagerie médicale réalisée à l’arrivée de patient en urgence a montré des AVC plus graves, avec une occlusion des gros tronc arteriels. "Nous avons aussi vu des patients qui avaient un AVC et, simultanément, une occlusion d’une artère dans une jambe. C’est très particulier", indique le Dr Michael Obadia, neurologue. "Une hypothèse consiste à dire que le Covid-19 a été un facteur aggravant d'un sous-type d’AVC avec occlusion des gros vaisseaux, peut-être d’origine athéromateuse", poursuit le spécialiste. 

Chez les patients atteints de Covid-19, les caractéristiques des caillots semblent avoir rendu la thrombolyse inefficace. "La thrombolyse n’a fonctionné sur aucun AVC avec occlusion de gros vaisseaux parmi les patients que nous avons pris en charge", explique le Dr Simon Escalard, neuroradiologue interventionnel. Il précise : "pour les AVC avec occlusion de grosses artères, la survenue de plusieurs occlusions artérielles simultanées était fréquente, rendant la thrombectomie plus compliquée. Le taux d’occlusions multiples était de 50% chez les patients Covid-19 contre 8 à 9% des cas en temps normal". Ces patients étaient plus sévères, avec un mauvais pronostic clinique.

Un 2ème AVC dans les 24 à 48 heures

En outre, en dépit d’un traitement satisfaisant à la phase aigüe, 40% des patients ont présenté un 2ème AVC dans les 24 à 48 heures, ce qui est habituellement très rare.

Enfin, les experts constatent une diminution significative du nombre d’AVC traités par thrombectomie mécanique (réduction de 21% sur 1513 patients inclus dans 32 centres) ainsi qu’une augmentation inquiétante des délais de prise en charge.

"Tout semble plus grave et se dégrader beaucoup plus vite avec la Covid-19. Toutes les limites de nos traitements ont été exacerbées dans ce contexte", résume le Dr Jean Philippe Désilles, neuroradiologue interventionnel. "De fait, une surmortalité a été constatée ainsi qu’un accroissement du handicap chez les patients ayant survécu. Nous avons également observé un taux de 42% de mortalité intra-hospitalière versus 12% en 2019, avec une prise en charge pourtant identique", ajoute-t-il.

"Proposer rapidement des alternatives aux traitements habituels"

L’AVC constitue à la fois une urgence médicale absolue et un enjeu majeur de santé publique (1ère cause de mortalité chez les femmes en Europe et 1ère source de handicap en France). Une prise en charge rapide et experte est indispensable, car chaque minute de retard est délétère, occasionnant destruction de neurones et dommages irréversibles sur le cerveau. 

"A l’heure où une deuxième vague de patients victimes d’AVC et Covid positifs s’annonce, il est important de maintenir une chaine de secours efficace passant par l’appel immédiat du 15 devant tout symptôme évocateur d’AVC. Pouvoir proposer rapidement des alternatives aux traitements habituels, majoritairement inefficaces en cas d’infection Covid, est un enjeu thérapeutique majeur pour ces patients" conclut le Dr Candice Sabben, neurologue.