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Nourrissons

La supplémentation en vitamine D est bénéfique pour le microbiote des nouveaux nés

Par Charlotte Arce

Une étude menée sur plus de 1 100 nourrissons semble indiquer que la prescription de vitamine D aurait une influence positive sur leur microbiote intestinal en empêchant la prolifération de certaines bactéries.

nicoletaionescu/iStock
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Une supplémentation des nourrissons en vitamine D est associée à une moindre abondance de bactéries responsables de troubles respiratoires ou de la diarrhée.

Prescrite dès la naissance et jusqu’aux 18 mois en complément de l’allaitement ou du lait artificiel, la vitamine D joue un rôle essentiel dans le maintien du capital osseux et dans le développement sain du système immunitaire du bébé.

D’après une nouvelle étude canadienne publiée dans la revue Gut Microbes, la vitamine D aurait aussi une influence positive sur la composition du microbiote intestinal des nourrissons, notamment en étant associée à une moindre abondance de la bactérie Megamonas, à l'âge de trois mois. “La plupart des nourrissons en Amérique du Nord reçoivent de la vitamine D, soit en complément de l'allaitement maternel, soit comme ingrédient dans les préparations commerciales pour nourrissons. Nous avons donc voulu comprendre l'association entre la vitamine D et la présence ou l'abondance de bactéries clés dans le tractus intestinal d'un bébé", explique Anita Kozyrskyj, professeure au département de pédiatrie de l'université d'Alberta (Canada) et autrice principale des travaux.

Un effet protecteur

Pour étudier le lien entre supplémentation en vitamine D et microbiote du nouveau-né, les chercheurs ont examiné des échantillons de matières fécales prélevés lors de visites à domicile de 1 157 nourrissons faisant partie de la cohorte CHILD.

Ils ont découvert qu'une supplémentation directe des nourrissons en gouttes de vitamine D était associée à une moindre abondance de Megamonas, indépendamment de la façon dont le bébé était nourri (allaitement ou lait maternisé). “Bien que l'on sache peu de choses sur les Mégamonas chez les nourrissons, nos recherches antérieures suggèrent qu'il pourrait y avoir un lien entre cette bactérie et l'asthme ou les infections virales respiratoires, de sorte que la vitamine D pourrait offrir des avantages supplémentaires pour la santé des enfants", avance la docteure Kozyrskyj.

Les chercheurs ont également évalué l'association entre la supplémentation en vitamine D des nourrissons et des mères et la présence de Clostridioides difficiles (C. difficile) dans l'intestin d'un bébé. “Certains nourrissons portent dans leurs intestins la bactérie C. difficile, responsable de la diarrhée, sans aucun symptôme. Cependant, lorsque les niveaux de bactéries intestinales sont déséquilibrés, cette bactérie particulière peut se multiplier, provoquant des maladies et augmentant la susceptibilité aux maladies chroniques plus tard dans l'enfance", détaille Kelsea Drall, qui a participé à l’étude.

Si les recherches ont montré que près de 30 % des nourrissons étaient porteurs de C. difficile, les chercheurs ont aussi constaté que l'incidence de la bactérie était plus faible chez les nourrissons exclusivement allaités. Par ailleurs, ni la supplémentation des nourrissons avec des gouttes de vitamine D ni la supplémentation maternelle en vitamine D pendant la grossesse ou après l'accouchement n'ont été associées à la colonisation par C. difficile. “Il est intéressant de noter que la consommation maternelle de lait enrichi en vitamine D était le seul facteur qui réduisait la probabilité de colonisation par C. difficile chez les nourrissons”, ajoute Kelsea Drall.

Un microbiote immature

D’après les chercheurs, le microbiote intestinal d'un nourrisson subit des changements rapides au début de sa vie, et notamment les trois premiers mois. Il est donc essentiel de comprendre les facteurs associés aux communautés microbiennes qui peuplent l'intestin du nourrisson pendant cette période clé du développement.

"De faibles niveaux de vitamine D ont été associés au virus respiratoire syncytial (VRS) — une infection pulmonaire courante chez les nourrissons — et plus récemment, à une susceptibilité à la Covid-19, rappelle Anita Kozyrskyj. Dans l'étude de cohorte sur les enfants, nous avons une occasion unique de suivre les enfants de notre étude au fur et à mesure qu'ils grandissent pour comprendre comment les changements microbiens observés à la suite d'interventions alimentaires peuvent être associés à des résultats de santé ultérieurs tels que l'asthme et les infections virales.”