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La santé en vacances

Vacances en famille : “Avec mon père, les clés pour qu'elles se passent bien sont l'indépendance et la confiance”

Par Floriane Valdayron

Pour beaucoup, le confinement confère une dimension nouvelle aux vacances en famille. L'occasion de faire le bilan, de communiquer, et de se retrouver. Afin de gérer au mieux les relations entre chacun, prise en compte des besoins et aménagement de temps séparés sont de mise.

Kerkez/iStock

Chaque année, Sophie, 50 ans, part en vacances d'été avec son mari et ses deux filles, respectivement âgées de 22 et 18 ans. Si le confinement s'est révélé légèrement “tendu" au début, la famille habitant un appartement parisien sans espace extérieur, l'expérience s'est globalement bien passée.

“Ça ne m'a pas fait reconsidérer les vacances d'été pour autant, indique la coiffeuse. Par contre, ça tombe bien que ma fille cadette ne vienne que pendant cinq des quinze jours du séjour : ça nous permettra d'être moins longtemps à quatre. C'est mieux, surtout pour les deux sœurs ; être un petit peu séparées leur fera du bien". Cette année, les vacances seront loin d'être anodines, selon le psychothérapeute Benjamin Lubszynski.

“Je pense que beaucoup de personnes feront le bilan ; ce sera une sorte de continuation de ce qu'il s'est passé pendant le confinement, estime-t-il. Je considère que ces vacances constitueront un catalyseur : quand on est dans le ‘métro, boulot, dodo’, on n'a pas le temps de réfléchir, de communiquer véritablement avec sa famille dans le sens d'une remise en cause ou d'un changement.”

“J'ai un peu l'impression de retrouver mon père”

Prendre un temps de pause, retrouver son mari et ses filles différemment ; c'est ce qu'attend Sophie. Pendant le confinement, chacun mangeait à son rythme. “Là, on va reprendre les repas tous ensemble ; ce sera plus agréable", se réjouit-elle. Autre différence : la diminution du nombre de tâches ménagères.

“Le quotidien va plutôt être axé autour des loisirs, des jeux, des barbecues et des cocktails, se réjouit la mère de famille. C'est une manière de se retrouver sans contrainte ; ni d'horaire, de place ou de silence, à l'inverse du confinement. Cela va être plus facile à gérer.” Des points qui rejoignent le bon côté que la coiffeuse attribue aux vacances en famille : partager des moments ensemble.

Même son de cloche du côté de Julia, 17 ans. Fille de parents séparés, elle a l'habitude de diviser ses vacances d'été entre un séjour avec sa mère et un autre avec son père. Cette année, les deux semaines avec ce dernier se sont très bien déroulées, comme l'an passé. “Pour moi, il n'y a que des bons côtés : comme on est dans un environnement différent du quotidien, on a une autre forme d'échanges, raconte la lycéenne. On est différents, beaucoup plus détendus, donc on a de meilleures relations. J'ai un peu l'impression de retrouver mon père quand on part tous les deux.”

“Il faut jongler entre les envies de chacun”

Lorsqu'on lui demande quels sont les inconvénients de partir en famille, Julia peine à répondre. Sophie, elle, n'en voit qu'un. “On doit essayer de faire plaisir à tout le monde, constate-t-elle. À quatre, il faut jongler entre les envies de chacun, mais, en principe, on est assez synchros ; on ne s'en sort pas trop mal.”

Selon la psychothérapeute Florence Beuken, le secret pour bien gérer les relations entre les membres de la famille pendant les vacances sont les mêmes que tout au long de l'année. “Communication, bienveillance, expression et prise en compte des besoins", énumère l'experte, en précisant que le stress ou la pression que les adultes se mettront peut exacerber les émotions, voire l'agacement.

La clé : ne pas se fixer d'objectifs trop élevés ou trop stricts et veiller à ce que chacun puisse s'y retrouver. “Cela passe par des besoins différents : l'évasion, la découverte, le farniente, la dépense physique, la socialisation...", reprend-elle.

“Avoir des vrais temps de liberté pour éviter une forme de résistance”

Pour la psychothérapeute, il convient également de ne pas hésiter à se ménager des temps en plus petit comité lorsque l'on part avec sa famille élargie. “Se forcer à rester ensemble coûte que coûte pourrait favoriser les frustrations et les tensions lorsque les habitudes de vie ou les besoins sont très différents", indique-t-elle. 

En ce sens, que l'on parte uniquement avec sa famille nucléaire ou à une quinzaine, Benjamin Lubszynski recommande des temps séparés. “Si l'on force des adolescents à faire tout ce que l'on fait, ils seront mécontents, et tout le monde passera de mauvaises vacances, estime-t-il. L'idée est de partager des moments en famille et, le reste du temps, d'avoir des vrais temps de liberté pour éviter une forme de résistance de la part de chacun.” 

Ce mode de fonctionnement fait écho pour Julia. “Mon père me laisse pas mal de libertés, c'est vraiment cool ; je pense que c'est pour ça que les vacances tous les deux fonctionnent autant, raconte la lycéenne. Pour lui comme pour moi, les clés pour qu'elles se passent bien sont l'indépendance et la confiance ; ça nous va très bien à tous les deux.”

“On communique par messages pour voir si tout va bien”

L'adolescente estime que la destination joue beaucoup : chaque année depuis son enfance, elle se rend en Bretagne, d'où sa famille paternelle est originaire. “Si on n'avait pas autant nos marques ni nos repères, mon père ne me laisserait sûrement pas les mêmes libertés, envisage-t-elle. Là, je connais très bien la ville et je peux tout faire à pied.”

La journée-type de Julia et son père en vacances est réglée comme du papier à musique : ils font une grasse matinée, petit-déjeunent ensemble, puis font le point sur le programme de leurs journées respectives. “Ensuite, on communique par messages pour voir si tout va bien", relate la lycéenne. Le soir, elle dîne avec son père, avant qu'ils ne sortent chacun de leur côté. “On fait notre vie, conclut l'adolescente. Au final, on ne se voit pas tant que ça ; seulement pour les moments agréables.”