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Podomètres, balances connectées

Souriez, votre santé est surveillée

Par la rédaction

Podomètres intelligents, pèse-personnes connectés... de plus en plus de Français font le choix de s'auto-mesurer. Une pratique qui correspond à des objectfifs de santé publique mais qui inquiète la CNIL. 

OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA
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Les appareils d’automesure ont fait leur entrée dans nos vies quotidiennes. Pour suivre de façon précise les malades, de plus en plus de services hospitaliers expérimentent des suivis à distance de la glycémie, de la tension artérielle. Mais cette tendance concerne surtout les bien-portants : balances connectées, podomètres intelligents, mesure de la qualité du sommeil… Un centre de recherche américain, le Pew Research Center, a ainsi montré que 69 % des amricains déclaraient en 2013 suivre un indicateur de forme ou de santé et que parmi eux un peu plus d’un tiers partage leurs données, dont la moitié avec un professionnel de santé.
L’attrait des Français pour ces techniques est aussi manifeste. En juin dernier, 1000 volontaires ont répondu à l’appel d’une société privée, IDS santé, qui a lancé une opération étonnante. L’objectif  est d’équiper les volontaires – représentatifs de la population française - de quatre villes (Bordeaux, Lille, Lyon, Montpellier) d’un appareil d’automesure (nombre de pas, calorimétrie, etc) et de tester un coaching à ditance pour les inciter à suivre les recommandations nutritionnelles et d’activité physique. Une nouvelle manière de changer ses mauvaises habitudes pour acquérir les bonnes. Par exemple, faire au moins 10 000 pas par jour, une recommandation de l’OMS contre les méfaits de la sédentarité.

Cette opération a débuté en juin et doit s’achever le 30 novembre prochain. Tous ces appareils sont conectés à un serveur central géré par IDS Santé. La société peut ainsi savoir en temps réel si les volontaires montpellierains marchent plus que les lillois… Aujourd’hui, la moyenne des quatre villes se situent aux alentours de 8000 pas par jour. Et les organisateurs ont pu observer l’impact des journées de canicule. La moyenne de marche a chuté hier et aujourd’hui aux alentours de 2000 pas par jour.

Tout cela peut paraître anodin. Mais, ces nouvelles pratiques de « santé connectée » ou de « quantified self » inquiètent la Commission nationale informatique et libertés, la CNIL. « Ces nouvelles pratiques se fondent sur des modes de capture automatique et de partage de grandes masses de données personnelles, initiés par les individus eux-mêmes, et ce –paradoxe- dans un domaine, la santé, qui touche par essence à l’intimité de la vie privée de chacun… » note Sophie Vulliet-Tavernier, directrice des Etudes et de la Prospecive à la CNIL. Les sociétés qui proposent des services permettant de capturer et d’analyser ces donnes se rémunèrent pour partie par la vente de capteurs ou d’applications. Mais, « leur modèle économique repose aussi sur la monétisation des données générées, d’une part en proposant aux utilisateurs finaux des fonctionnalités avancées relatives à la visualisation et l’analyse de leurs données auprès d’autres partenaires », souligne Sophie Vulliet-Tavernier dans une lettre d’information de la CNIL. Faut-il imaginer un nouveau cadre de régulation ? Comment sont sécurisées ces données de santé ? Et surtout à l’avenir, la commission se demande si la pratique de l’automesure pourrait s’imposer à chacun comme certaines pratiques d’assureurs américains semblent le présager… Bref, sera-t-il bientôt suspect de ne pas s’automesurer ? Une réflexion à avoir avant de se précipiter sur ces nouveaux objets connectés.