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Crèmes solaires : certains composés se retrouvent dans notre sang

Par Charlotte Arce

Une seconde étude menée par la US Food and Drug Administration révèle qu’après une seule application, six des ingrédients actifs des crèmes solaires sont absorbés par notre corps et circulent dans notre sang.

penyushkin/iStock
Après une seule application, les principes actifs des crèmes solaires traversent la barrière cutanée et circulent dans le sang.
Leur présence est constatée jusqu'à 24 heures après l'application.

Les crèmes solaires sont-elles vraiment les alliées de nos étés ? Déjà pointées du doigt pour leur nocivité sur l’écosystème des océans et en particulier sur les récifs coralliens, les produits de protection solaire avec filtre chimique pourraient se révéler également néfastes pour notre santé.

C’est ce que montrent de nouveaux travaux menés par la US Food and Drug Administration (FDA). Publiés dans la revue médicale JAMA, ils mettent en lumière les fortes concentrations dans le sang de certains composés des crèmes solaires avec filtre chimique et ce, dès la première application.

Les résultats de notre étude publiés aujourd'hui montrent qu'il existe des preuves que certains ingrédients actifs des écrans solaires peuvent être absorbés”, explique ainsi la docteure Janet Woodcock, directrice du Center for Drug Evaluation and Research de la FDA.

Six principes actifs retrouvés dans le sang

Déjà l’an dernier, la FDA avait publié en mai 2019 une première étude qui faisait état de l’absorption par l’organisme de certains composés de la crème solaire. Menée auprès de 24 sujets en bonne santé, elle avait révélé la présence des quatre principes actifs (avobenzone, oxybenzone, octocrylène et ecamsule) dans des échantillons dépassant le seuil recommandé pour les tests de toxicologie. Ce sont les concentrations d’oxybenzone qui avaient alors particulièrement alerté les chercheurs. Utilisé dans les crèmes solaires comme filtre ultraviolet et suspecté d’être un perturbateur endocrinien, ce composé a “été absorbé par l’organisme à des concentrations de 50 à 100 fois plus élevées que pour les trois autres composés chimiques”, expliquait l’an dernier David Andrews, chercheur pour le Environnemental Working Group (EWG) dans le Journal de Montréal.

Pour cette nouvelle étude, c’est l’absorption à travers la peau et dans l’organisme de six principes actifs utilisés dans les protections solaires qui a été mesurée, dans des conditions d’application unique et d’application toutes les deux heures, comme cela est recommandé. Quatre produits disponibles dans le commerce ont été testés: une lotion, une protection solaire en aérosol, un spray sans gaz et un vaporisateur à pompe. Les résultats de la publication montrent que lorsqu'un écran solaire est appliqué sur la peau, même en une seule application, les six ingrédients actifs sont absorbés par l’organisme et circulent dans le sang. Ils peuvent y rester jusqu’à 24 heures après l’application.

D’autres recherches nécessaires

Les auteurs de l’étude se veulent cependant rassurants. “Le fait qu'un ingrédient soit absorbé par la peau et dans le corps ne signifie pas qu'il est dangereux, prévient Janet Woodcock. Cette constatation appelle plutôt à des tests supplémentaires de la part de l'industrie pour déterminer la sécurité et l'effet de l'exposition systémique des ingrédients des écrans solaires, en particulier en cas d'utilisation chronique.”

C’est pourquoi, à la suite de cette étude, la FDA a déclaré avoir “demandé des informations supplémentaires sur les ingrédients actifs des écrans solaires afin d'évaluer leur statut GRASE (Generally Recognized As Safe and Effective) à la lumière de l'évolution des conditions, notamment l'augmentation substantielle de l'utilisation des écrans solaires et l'évolution des informations sur les risques potentiels associés à ces produits depuis leur évaluation initiale”. “Nous espérons partager d'autres mises à jour sur cet important domaine de recherche”, conclut la docteure Woodcock.