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Prévention

Coronavirus et grossesse : ce qu'il faut savoir

Par Anaïs Col

Le professeur Jean-Michel Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique à l'hôpital Foch, à Suresnes, était l'invité de notre journal médical et a répondu à toutes les questions que l'on peut se poser au sujet de la condition des femmes enceintes pendant cette épidémie. 

gorodenkoff/iStock
MOTS-CLÉS :
En Chine, les femmes enceintes ont été plutôt épargnées par l'épidémie
Une femme testée positive au SARS-CoV-2 doit éviter une éventuelle grossesse

Nous savons que le coronavirus est particulièrement dangereux pour les personnes fragiles. Les femmes enceintes sont-elles plus à risque face à l'épidémie de Covid-19 ? Doivent-elles être systématiquement hospitalisées si elles sont positives au virus ? Le bébé peut-il être contaminé ? Le professeur Jean-Michel Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique à l'hôpital Foch, à Suresnes, a répondu aux questions de Jean-François Lemoine. 

Cette épidémie est en effet à risque pour les femmes enceintes, car elles sont à risque sur le plan immunologique”, explique-t-il. Néanmoins, si elles peuvent être infectées, “nous avons l'impression, à partir de l'expérience chinoise, que les femmes enceintes ont été plutôt épargnées : peut-être parce qu'elles ont été averties des risques et qu'elles avaient pris des précautions.”

Que faire en cas de grossesse pendant l'épidémie ?

En cas d'infection, une femme doit-elle éviter de tomber enceinte ? “Il est en effet préférable qu'une femme positive au test du Covid-19, durant une période donnée, évite une éventuelle grossesse. Comme vous le savez, l'Agence de biomédecine et les centres de PMA en France ont arrêté l'assistance médicale à la procréation jusqu'à nouvel ordre". Sur son site, l'Agence de biomédecine affirme en effet qu'“il est conseillé de reporter les activités cliniques et biologiques d’AMP, quelle que soit la technique (fécondation in vitro, transfert d’embryon congelé, insémination artificielle, don de gamètes, préservation de la fertilité non urgente)”.

Malgré les risques, il n'est pas recommandé aux femmes enceintes, lorsqu'elles sont dans leur premier trimestre, d'envisager une interruption volontaire de grossesse. “Il n'y a pas d'arguments scientifiques qui requièrent d'avoir recours à des IVG pendant l'épidémie. Nous n'avons pas recensé de cas de contamination in-utero. Quelques publications évoquent le risque d'accouchement prématuré ou la possibilité de malformation au premier trimestre, mais il s'agit d'informations parcellaires basées sur quelques expériences par-ci par-là”. En revanche, concède-t-il, il est important de bien surveiller les grossesses. 

La chloroquine pour les femmes enceintes ?

L'usage et l'efficacité de la chloroquine pour traiter le coronavirus font actuellement débat en France. Commercialisé sous le nom de Plaquenil, l'hydroxychloroquine fait partie des quatre traitements actuellement testés dans l'essai clinique européen Discovery. “C'est un traitement très controversé”, admet le professeur, qui espère tout de même que “les résultats soient probants et que l'on puisse utiliser cette molécule”. “Il n'y a pas de contre-indication chez les femmes enceintes, celles qui ont un lupus continueront leur traitement pendant la grossesse.” 

Les femmes enceintes infectées par le Covid-19

Concernant les femmes enceintes positives, le professeur affirme qu'il n'est pas toujours nécessaire de les hospitaliser. “Cela dépend de leur état clinique : si celui-ci se dégrade, il faut bien sûr l'hospitaliser, la surveiller, ou même la transférer en réanimation si besoin. Mais il n'est pas nécessaire d'hospitaliser toutes les patientes positives.”

Les femmes enceintes, qu'elles soient contaminées ou non, doivent rester en contact avec leur maternité. “La plupart des établissements ont pris des précautions et sont toutes disposées à recevoir des patientes infectées ou encourant un risque de contamination.” 

Le Syndicat des gynécologues obstétriciens de France (SYNGOF) a informé dans un communiqué du maintien de la prise en charge des femmes enceintes, précisant que la téléconsultation devait être privilégiée autant que possible. De même, les trois échographies obligatoires sont maintenues, mais les mesures d'hygiène et d'accompagnement très strictes. “Les patientes doivent venir seules au cabinet, sans accompagnant et sans enfant”, indique le SYNGOF.

Ci-dessous : l'interview audio du professeur Ayoubi