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PTSD

Le chien, remède pour soigner le stress post-traumatique des soldats en Ukraine

Par Jean-Guillaume Bayard

Au front de la guerre entre Ukrainiens et séparatistes pro-russes, les chiens aident les combattants à surmonter le stress post-traumatique.

Chalabala/iStock
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La guerre entre Ukrainiens et séparatistes pro-russes a déjà fait plus de 13 000 morts
Les Ukrainiens utilisent des chiens pour apaiser les soldats victimes de stress post-traumatique

Voilà six ans que l’est ukrainien est le théâtre d’une guerre qui a fait plus de 13 000 morts avec les séparatistes prorusses. En tout, ce sont plus d’un demi-million de personnes qui ont servi dans les rangs de l'armée ukrainienne ou continuent de le faire. En Ukraine, un des pays les plus pauvres d’Europe, la santé mentale, encore taboue, passe au second plan. “L'État fait quelque chose de positif” mais “des efforts systémiques manquent”, estime Rodion Grigorian, un psychologue faisant du bénévolat avec les militaires.

Un stress post-traumatique bien réel

Pour aider les soldats au front, la thérapie canine fait son chemin. “C'est peut-être le meilleur calmant”, confie Vassyl, sergent blessé sur le front et hospitalisé depuis plus d'un mois, à l’AFP. Depuis qu’il a rencontré Ricky, son “chien de service” comme est écrit sur le harnais de l’animal, il a retrouvé le sourire et joue avec lui dans un couloir du principal hôpital militaire du pays. “Ce sont des chiens qui ne réagissent pas avec agressivité aux agressions des autres” et qui sont “absolument obéissants”, décrit à l'AFP Natalia Tchouproun, propriétaire de Ricky, qui participe au projet depuis quatre ans.

Un soutien essentiel pour les soldats dont la santé mentale n’est pas forcément prise en considération. Près de la moitié des militaires ukrainiens se disent victimes de discriminations dans la vie civile et plus d'un tiers se sentent “isolés”, selon une récente étude. Les risques liés au stress post-traumatique ne sont pourtant pas négligeables. Insomnies, conduites addictives, dépressions et idées suicidaires figurent parmi les conséquences. Le chef de la commission parlementaire pour les affaires des vétérans ukrainiens a estimé en 2018 à plus d'un millier le nombre de suicides parmi les ex-combattants depuis le début du conflit.

Les chiens, “un pont entre les humains et les spécialistes

Ami d'un héros” est le nom du programme dont bénéficient les soldats depuis son lancement, en 2015. Ce programme a été lancé avec l’aide d’éducateurs canins canadiens qui ont formé les chiens, comme Ricky. Depuis, plus d'un millier de soldats ont bénéficié de la thérapie canine, a indiqué la coordinatrice, Olga Smirnova, qui décompte une vingtaine de chiens qui participent au programme. Un soutien important pour les soldats ukrainiens dont la situation divise la société. Pour les uns, ce sont des “héros” mais d'autres leur reprochent une vie aisée aux dépens des civils à cause de la hausse importante de leurs salaires depuis le début du conflit.

Ces chiens agissent sur les patients en devenant “un pont entre les humains et les spécialistes qui s'occupent d'eux: psychologues, rééducateurs”, décrypte Natalia Tchouproun. La jeune femme raconte un épisode où Ricky s’est allongé près d’un combattant pris d’une crise de panique et qui s’est détendu grâce à la présence de l’animal. Viktoria, une psychologue de l'hôpital militaire de Kiev, constate “la diminution de l'anxiété, de la dépression et l'amélioration du sommeil” chez “plus de la moitié” de ses patients.