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Un AVC toutes les 4 minutes

Quels aliments manger et éviter pour se protéger des AVC ? 

Par Johanna Hébert

Selon une vaste étude menée sur plus de 400 000 personnes, une alimentation riche en fibres permettrait de se protéger des AVC ischémiques. A l’inverse, consommer trop d’œufs pourrait favoriser les AVC hémorragiques. 

marilyna/iStock

Et si le régime alimentaire pouvait être un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral (AVC)? C’est ce que suggère une étude publiée dans la revue European Heart Journal. Des travaux ont été menés sur près de 418 000 personnes, suivies pendant douze ans. Tout d’abord, il est important de distinguer les deux types d’AVC possibles. Premièrement, on parle d’AVC ischémique (ou infarctus cérébral) lorsqu’un caillot obstrue une artère cérébrale. Deuxièmement, on parle d’AVC hémorragique lorsqu’un vaisseau sanguin se rompt dans le cerveau. Si l’AVC est la première cause de handicap acquis de l’adulte selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), 85% d’entre eux sont ischémiques et 15 à 20% sont hémorragiques. 

Le régime alimentaire de plus 400 000 personnes scruté

Les auteurs de l’étude affirment que pour la première fois, les facteurs de risques alimentaires ont été analysés en fonction du type d’AVC. Ainsi, les travaux montrent qu’une alimentation riche en fibres, en laitages, en fruits et en légumes protégerait des AVC ischémiques. Une alimentation riche en œufs, quant à elle, pourrait favoriser les AVC hémorragiques.

Entre 1992 et 2000, lors de leur recrutement, les participants ont répondu à un questionnaire sur leur alimentation, leur mode de vie et leurs antécédents médicaux. Ils devaient quantifier leur consommation d’aliments répartis en différents catégories: viandes, poissons et fruits de mer, produits laitiers, oeufs, céréales, fruits et légumes, légumineuses, noix et graines et fibres alimentaires. “D’autres données concernant l'activité physique, [le poids et les mensurations], la pression artérielle systolique, la lipidémie et le cholestérol sanguin ont également été recueillies pour chaque participant”, précisent les auteurs. En fonction de ces informations, les chercheurs ont calculé le risque qu'avait chaque participant de subir tel ou tel type d’AVC en fonction de son alimentation.

Les fibres et les fruits et légumes sont bénéfiques

Toutefois, l'étude comporte des limites. “Une telle méthode observationnelle ne peut pas montrer que les aliments étudiés provoquent une augmentation ou une diminution du risque d’AVC ischémique ou hémorragique, mais seulement qu'ils sont associés à des risques différents”, tempèrent les auteurs. De plus, les participants ont renseigné une seule fois leurs habitudes alimentaires, le jour de leur recrutement. Et cela, sans préciser quel type de médicament ils prenaient, y compris ceux qui ont des effets cardio-vasculaires. Les chercheurs ont tout de même recensé 4 281 cas d’AVC ischémiques et 1 430 cas d’AVC hémorragiques.

Les patients qui consommaient au moins 10g de fibres par jour présentaient un risque réduit de 23% de subir un AVC ischémique par rapport à ceux qui en consommaient moins. Ceux qui mangeaient au moins 200g de fruits et légumes (agrumes, pommes, avocat, concombre, courgette,…) présentaient également un risque moindre d'AVC ischémique. À l'inverse, le risque était plus élevé avec une consommation importante de viande rouge (plus de 50g par jour). Concernant les AVC hémorragiques, les chercheurs ont découvert que consommer des œufs en quantité importante pouvait augmenter les risques. Selon eux, à chaque 20g d’œufs mangés correspond un risque plus élevé de 25% de développer un AVC hémorragique.

1 AVC toutes les 4 minutes en France

Pour les chercheurs, ces résultats s’expliquent par les effets des aliments sur la pression artérielle et le taux de LDL (mauvais cholestérol). La viande rouge, par exemple, est effectivement corrélée à une pression artérielle et un taux de LDL élevé. Cela peut favoriser une hémorragie cérébrale par rupture du vaisseau. “Le résultat le plus important est qu’une consommation plus élevée de fibres alimentaires et de fruits et légumes est fortement associée à des risques plus faibles d’AVC ischémique, ce qui soutient les directives européennes actuelles”, conclue le docteur Tammy Wong, épidémiologiste à l’université d’Oxford (Royaume-Uni) et auteur principal de l’étude. Depuis le début des années 2000, les autorités européennes encouragent la population à augmenter sa consommation de fibres et de fruits et légumes. Des recommandations qui se multiplient car le nombre de cas d’AVC aurait augmenté au cours de ces vingt dernières années. En France, on dénombre chaque année plus de 140 000 nouveaux cas d’accidents vasculaires cérébraux, soit un toutes les quatre minutes.