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Injustice génétique

Pourquoi les hommes et les femmes stockent les graisses différemment ?

Par Raphaëlle de Tappie

En étudiant des mouches à fruits, animaux au métabolisme très similaire au notre, des chercheurs ont identifié le gène à l'origine de la différence du traitement dans le stockage des graisses entre hommes et femmes. 

Sangriana/iStock

Vous l’aurez sans doute déjà remarqué, les hommes et les femmes ne grossissent pas de la même façon. Les femmes ont plus tendance à stocker les graisses dans les cuisses et les hanches et prennent beaucoup plus rapidement que les hommes qui peuvent souvent manger ce qu’ils souhaitent avant de commencer à surveiller leur bedaine aux alentours de la trentaine. Si plusieurs études avaient déjà montré que cette disparité dans le stockage des graisses était due au génome, on ignorait quels gènes étaient responsables de cette injustice. Grâce à une étude réalisée sur des mouches à fruits, des chercheurs ont identifié le gène triglycéride lipase brummer (bmm). Les résultats sont parus le 21 janvier dans la revue Plos Biology.

Les chercheurs de l’université de Vancouver (Canada) ont décidé de s’intéresser à la mouche à fruits, scientifiquement connue sous le nom de Drosophila melanogaster, car elle est génétiquement similaire aux Hommes. Ainsi, nous partageons avec elle près de 75% des gènes responsables de maladies, dont certains pourraient expliquer pourquoi les femelles stockent la graisse différemment des mâles. Comme chez les humains, les mouches femelles stockent plus de graisse que les mâles et la métabolisent plus lentement.

“Étant donné le chevauchement génétique considérable de la mouche à fruits avec l'homme et la vaste base de connaissances sur l'insecte [la mouche à fruits est l'un des animaux les plus étudiés, NDLR], cela a fait de la mouche à fruits le modèle animal parfait pour cette étude”, détaille Elizabeth Rideout, professeur assistant dans le département des sciences cellulaires et physiologiques de l’université.   

Maladies cardiovasculaires et diabète de type 2 

Au cours de leur étude, ses collègues et elle ont identifié un gène du nom de triglycéride lipase brummer (bmm), impliqué dans la régulation des différences entre les sexes dans l'homéostasie des graisses. Les mouches mâles ont des niveaux plus élevés d'ARNm bmm. Toutefois, quand ils ont retiré ce gène en laboratoire, les chercheurs ont constaté que les mâles et les femelles commençaient à stocker exactement la même quantité de graisse. 

“Cette découverte ouvre la voie à l'identification de gènes métaboliques qui contrôlent les différences entre les mâles et les femelles dans d'autres aspects du développement et de la physiologie”, expliquent Elizabeth Rideout et Lianna Wat, étudiante de troisième cycle, au site Phys.Org.

“Nos études se déroulent au tout début du processus de découverte. Nous espérons qu'en identifiant les gènes qui expliquent pourquoi les hommes et les femmes ont des quantités de graisse différentes, nous serons mieux à même de comprendre pourquoi les hommes et les femmes présentent des différences dans le risque de maladies associées à un stockage anormal de la graisse, comme les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2”, poursuivent les chercheuses. 

Développer de nouvelles thérapies pour traiter le métabolisme anormal des graisses  

A terme, cela pourrait peut-être permettre de mettre au point des traitements plus efficaces pour lutter contre les maladies métaboliques contre lesquelles il existe à l’heure actuelle peut de traitement. Qui plus est, le peu de médicaments disponibles fonctionnent souvent mieux chez les hommes que les femmes. “En identifiant les gènes qui influencent le stockage des graisses chez les mouches mâles et femelles, nous obtiendrons des informations essentielles sur le développement de nouvelles thérapies adaptées aux femmes, et aux hommes, pour traiter le métabolisme anormal des graisses”, concluent donc les chercheuses.

Le diabète touche 425 millions de personnes dans le monde. Dans 90% des cas, il s’agit d’un diabète de type 2 ou diabète gras. D’après le site diabetes.fr, 80% des diabète de type 2 pourraient être évités avec une meilleure alimentation ou une activité physique régulière. Cependant, si le diabète de type 2 survient le plus souvent chez les personnes en surpoids ou obèses trop sédentaire, il peut également avoir une origine génétique et survient en général après 40 ans.

Chez les malades, les cellules bêta qui fabriquent l'insuline fonctionnent mal. Cette dernière ne peut pas réguler le sucre correctement dans l'organisme, ce qui entraîne une augmentation de la glycémie. Dans un premier temps, la maladie, évolutive, est traitée par des mesures hygiéno-dététiques. Puis, le médecin prescrit des traitements antidiabétiques. Si la carence en insuline reste trop importante, des injections d’insuline seront ensuite proposées. Ces traitements ne seront toutefois efficaces que si le malade les associe à une alimentation équilibrée et à une activité physique régulière.

Non ou mal traité, le diabète de type 2 peut entraîner de graves complications allant de la cécité, à des amputations (pied diabétique) en passant par des infarctus et une insuffisance rénale.