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Albutérol

Bronchiolite : réduire l'utilisation de bronchodilatateurs chez les bébés

Par Raphaëlle de Tappie

Aux Etats-Unis, des chercheurs ont redéfini le traitement standard de leur hôpital pour la bronchiolite en diminuant l'utilisation de bronchodilatateurs chez les bébés. Selon leur étude, cela a permis d'éviter de potentiels effets secondaires sans compromettre la qualité des soins. 

Taborsk/iStock

La bronchiolite est une infection pulmonaire fréquente et très contagieuse qui touche l’enfant de moins de deux ans, pendant l’automne et surtout l’hiver. Due à un virus qui provoque une obstruction des bronchioles, les petits conduits respiratoires des poumons, elle se caractérise par une inflammation de ces dernières. Il s’agit de l’une des principales causes d’hospitalisation chez les bébés et elle est habituellement traitée avec de l'Albutérol (également connu sous le nom de Salbutamol), administré par inhalateur. Ce, malgré de nombreuses données ne montrant aucun avantage chez la plupart des malades et de nombreux effets secondaires potentiels. Aussi, les chercheurs essayent désormais de réduire son utilisation. Aujourd’hui, une nouvelle étude parue dans la revue Pediatrics redéfinit le traitement standard de l’hôpital pour cette infection et permet de diminuer l’albutérol sans pour autant compromettre la qualité des soins. 

En 2014, l'American Academy of Pediatrics (AAP) a changé ses lignes directrices sur la bronchiolite, en recommandant de ne pas utiliser de bronchodilatateurs (médicaments souvent utilisés sous forme d'aérosols pour accroître le passage de l'air en relâchant le muscle bronchique) comme l'Albutérol chez les patients atteints de bronchiolite typique, soit des symptômes d'une infection virale des voies respiratoires supérieures qui progresse vers les voies respiratoires inférieures. Afin de s’aligner avec ces recommandations, des chercheurs du Children's Hospital of Philadelphia (CHOP) ont utilisé une approche multidisciplinaire. “Nous avons entrepris de réviser notre plan de traitement, ou cheminement clinique, afin de refléter les lignes directrices actuelles de l’AAP et d'éduquer les cliniciens sur les changements recommandés”, explique Michelle Dunn, médecin traitant en pédiatrie générale au CHOP et auteur principal de l'étude.

Ses collègues et elle ont donc modifié les plans de traitement du service des urgences et des patients hospitalisés. Dans le détail, ils ont sensibilisé le personnels infirmiers, les inhalothérapeutes et les médecins aux nouvelles lignes directrices et ont modifié le système de dossiers de santé électroniques en créant une option “ne pas commander”, indiquant que bronchodilatateurs n'étaient pas recommandés pour un usage courant. L’étude s’est déroulée d’octobre 2014 à mars 2017. 

“Se concentrer sur l’utilisation de la canule nasale à haut débit”  

A la fin, l’utilisation de l'albutérol chez les nourrissons atteints de bronchiolite était passée de 43 % à 20 % au service des urgences et de 18 % à 11 % dans les établissements de soins aux patients hospitalisés. Ainsi, 600 nourrissons n’ont pas reçu de traitement inutile. Mieux encore : en mesurant les taux d’admissions des malades, la durée du séjour et les taux de revisites, les chercheurs ont découvert que réduire l’Albutérol ne changeait rien. 

“Les méthodes utilisées dans cette étude peuvent être appliquées à d'autres diagnostics où il y a une surutilisation potentielle des tests et des interventions”, se félicite Joseph J. Zorc, médecin traitant en médecine d'urgence au CHOP et auteur principal de l'étude. Désormais, “la prochaine étape pour améliorer les soins de la bronchiolite au CHOP est de se concentrer sur l'utilisation de la canule nasale à haut débit, une thérapie émergente pour les nourrissons atteints de bronchiolite grave”. 

La France actuellement touchée par une épidémie de bronchiolite

En France, concernant l’utilisation des bronchodilateurs chez les petits souffrant de bronchiolite, la Haute Autorité de santé notait en novembre 2019 : “Il n’est pas recommandé d’administrer des bêta-2mimétiques (Salbutamol, Terbutaline) dans la prise en charge de BA en raison de l’absence de données suffisantes sur les profils répondeurs. L’administration peut être mal tolérée chez le nourrisson de moins de 2 mois”. Par ailleurs, “il n’est pas recommandé d’administrer une association de sérum salé hypertonique et Salbutamol dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë en l’absence de données suffisantes.” 

Actuellement, le pays fait face à une épidémie de bronchiolite. La première semaine de janvier, 5 024 enfants de moins de 2 ans ont été amenés aux urgences. Parmi eux, 4 454 (89%) étaient âgés de moins d'un an. Dans le détail, 1 759 enfants (35%) ont été hospitalisés, dont 1 633 (93%) étaient âgés de moins d'un an.

Dans 70 % des cas, la maladie est due à un virus respiratoire syncytial (ou VRS). Le reste du temps, l’adénovirus, le virus parainfluenzae ou le rhinovirus sont en cause. Une rhinopharyngite de l’enfant ou de l’adulte peut ainsi être provoquer une bronchiolite chez un nourrisson présent dans l’entourage.