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Bronchiolite : “Ne pas limiter la kiné respiratoire aux techniques de désencombrement”

Interrogé sur les recommandations de la HAS sur la kiné respiratoire, le Conseil national de l'Ordre de masseurs-kinésithérapeutes met en garde contre une interprétation trop stricte de celles-ci. Explications. 

Bronchiolite : “Ne pas limiter la kiné respiratoire aux techniques de désencombrement” naumoid/iStock




Faut-il ou non prescrire de la kinésithérapie respiratoire en cas de bronchiolite du nourrisson ?

Alors que ce mois de novembre signe le début de l’épidémie annuelle de bronchiolite, les nouvelles recommandations émises ce jeudi par la Haute Autorité de santé (HAS) risquent de raviver la polémique sur l’efficacité de la kiné respiratoire.

Plébiscitée par de nombreux parents, celle-ci est considérée les kinésithérapeutes, particulièrement efficace pour améliorer le confort, le sommeil et l’alimentation des nourrissons touchés par la bronchiolite et qui sont encombrés.

Des techniques non-recommandées ou contre-indiquées

Pourtant, ces techniques respiratoires, et en particulier celles de désencombrement bronchique, n’ont pas convaincues le comité d’expert de la HAS qui s’est penché sur leur efficacité.

Dans le détail, les techniques par drainage postural, vibration ou clapping (qui consiste à “taper” le thorax de l’enfant pour “décrocher” les sécrétions) restent, comme lors des précédentes recommandations, contre-indiquées dans la bronchiolite aiguë car elles peuvent être à l’origine d’effets secondaires parfois graves, comme des vomissements, des douleurs ou des fractures de côtes.

La kinésithérapie respiratoire par augmentation de flux expiratoire (AFE) n’est quant à elle plus recommandée chez le nourrisson hospitalisé. Enfin, la HAS considère qu’en “l’absence de données”, “la kinésithérapie respiratoire de désencombrement bronchique n’est pas recommandée en ambulatoire.”

Une remise en question des techniques, pas de la kiné respiratoire

Contacté par Pourquoi Docteur, le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes tempère ces contre-indications. Selon sa présidente Pascale Mathieu, c’est surtout l’interprétation erronée de ces recommandations qui pose problème. “Ce que nous dit la HAS, c’est que pour 3% des enfants hospitalisés, il n’y a pas besoin de kiné respiratoire, sauf quand il y a des comorbidités. Et pour les 97% restants, à aucun moment la kinésithérapie respiratoire n’est remise en cause. Ce sont les techniques qui le sont, précise-t-elle. Je pense qu’il ne faut pas circonscrire la kinésithérapie respiratoire à des manœuvres de pression thoracique.”

Rappelant qu’il y a actuellement “des études en cours”, citées par la HAS, sur les techniques controversées d’augmentation de flux expiratoire, Pascale Mathieu souligne que la kiné respiratoire ne se limite pas aux techniques de désencombrement et que parmi les enfants souffrant de bronchiolite, tous ne sont pas encombrés. “Il y a parfois un gros phénomène inflammatoire avec une diminution de la lumière de la bronche. Et là, il ne sert à rien de désencombrer car il n’y a pas d’encombrement. En revanche, un désencombrement sur un enfant encombré est utile. Se pose toutefois la question de la technique utilisée.” Or, pour le moment, la France et la Belgique étant les deux seuls pays à pratiquer ces techniques de désencombrement, il n’existe aucune étude d’envergure internationale prouvant leur efficacité.

Quant aux contre-indications de la HAS sur le drainage postural, le clapping et la vibration, elles sont tout simplement incompréhensibles, juge Pascale Mathieu. “En 1994, ça n’était déjà pas recommandé. Ce sont des pratiques d’un autre temps.”

Le kiné reste un interlocuteur primordial

La présidente du Conseil national de l’Ordre des kinésithérapeutes ne s’oppose pas non plus au rôle “de surveillance et de suivi” que la HAS souhaite octroyer aux kinés, puisqu’ils l’endossent déjà dans la grande majorité des cas. “Très souvent, quand les enfants sont adressés dans leur cabinet, il n’y a pas de drainage de pratiqué. Le kinésithérapeute est là pour surveiller l’enfant, l’ausculter, pour faire connaître à ses parents les signes de gravité et si besoin, pour l’orienter vers le médecin traitant ou les urgences.”

En revanche, ce que déplore Pascale Mathieu, c’est la mauvaise interprétation de ces recommandations qui risquent, plutôt que de rassurer les parents, de les pousser à délaisser les cabinets de kinésithérapie au profit des services d’urgences, déjà débordés. “C’est un vrai problème : en passant des heures aux urgences, leur enfant risque d’attraper d’autres infections virales qui risquent de compliquer une bronchiolite qui était au départ bénigne et sans signe de gravité.”

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