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Nouvelle étude

Alzheimer : non, la maladie n'est pas liée au virus de l'herpès

Par Raphaëlle de Tappie

Alors que plusieurs travaux suggéraient un lien entre le virus de l'herpès et une probabilité accrue de développer la maladie Alzheimer, une nouvelle étude vient contredire cette théorie. 

SIphotography/iStock

Avec 50 millions de personne atteintes, la maladie d’Alzheimer est la principale cause de démence dans le monde. Cette affliction neurodégénérative se caractérise par une perte progressive de mémoire, des capacités cognitives et des aptitudes verbales. Aujourd’hui, s’il existe des médicaments pour soulager temporairement les symptômes et ralentir le rythme du déclin, la maladie demeure incurable et un véritable enjeu de santé public. C’est pourquoi, de nombreux chercheurs travaillent à essayer de mieux comprendre ses mécanismes. Et, alors que des travaux ont récemment fait le lien entre le virus de l’herpès et Alzheimer, une nouvelle étude américaine vient contredire cette théorie. Les résultats sont parus mercredi 18 décembre dans la revue Neuron.  

En 2018, des chercheurs ont trouvé des taux accrus d'herpèsvirus humain 6A (HHV-6A) et d'herpèsvirus humain 7 (HHV-7) dans les tissus cérébraux post-mortem de plus de 1 000 patients atteints d'Alzheimer. Cette présence indiquait donc que les infections actives étaient liées à la maladie d’Alzheimer et de nombreuses études ont commencé à être réalisées sur le sujet.

Toutefois, quand des chercheurs du chercheur du Baylor College of Medicine (Texas, Etats-Unis) ont réanalysé les ensembles de données de l’étude de 2018 en utilisant un filtrage rigoureux et quatre outils statistiques couramment utilisés, ils n’ont n’ont trouvé aucun lien entre l’abondance de l’ADN ou ARN du virus de l’herpès et la probabilité de la maladie d’Alzheimer.

Identifier des stratégies de traitement 

“Plus les technologies ‘omiques’ à haut débit, qui comprennent celles de la génomique, de la protéomique, de la métabolomique et d'autres, deviennent abordables et facilement accessibles, plus on constate une tendance croissante vers les ‘données importantes’ dans la recherche biomédicale fondamentale. Dans ces situations, étant donné les quantités massives de données qui doivent être exploitées et extraites en peu de temps, les chercheurs peuvent être tentés de se fier uniquement aux valeurs p pour interpréter les résultats et arriver à des conclusions”, explique le docteur Zhandong Liu, qui a mené l’étude. 

Cette dernière “met en évidence l'un des pièges potentiels d'une confiance excessive dans les p-valeurs. Bien que les valeurs p soient un paramètre statistique très précieux, elles ne peuvent pas être utilisées comme une mesure autonome de la corrélation statistique — les ensembles de données provenant de procédures à haut débit doivent encore être soigneusement tracés pour visualiser la répartition des données”, renchérit le docteur Hyun-Hwan Jeong, qui a participé aux recherches. “Les ensembles de données doivent également être utilisés en conjonction avec des valeurs p calculées avec précision pour faire des associations gène-maladie qui sont statistiquement correctes et biologiquement significatives”, poursuit-il.

Zhandong Liu conclut : “Notre but en poursuivant et en publiant cette étude était de générer des outils et des directives pour l'analyse de données importantes, afin que la communauté scientifique puisse identifier des stratégies de traitement qui seront probablement bénéfiques pour les patients.”

Dans le monde, on estime à plus de  85% le nombre d’adultes infectés par HHV-6

En France, la maladie d’Alzheimer touche environ un million de personnes. D’après la Fondation pour la recherche médicale, 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués tous les ans. En 2040, 2,1 millions de patients de plus de 65 ans devraient être concernés.

Concernant l’herpesvirus humain il regroupe six catégories. Le HHV-6 (il existe deux variantes, HHV-6A et HHV-6B) est très courant dans le monde puisqu’on estime que plus de 85% des sont adultes infectés dans le monde. L'infection par HHV-6 entraîne le plus souvent une fièvre avec un exanthème subit (exanthem subitum), soit une éruption cutanée plus connue sous le nom de roséole et rapportée dans 10 % des cas. Le virus est également associé à des complications sévères comme l’encéphalite, les lymphadénopathies, les myocardites et la myélosuppression. D’après certaines recherches, HHV-6 serait également lié au développement de la sclérose en plaques. Quant à HHV-7, il reste à ce jour assez méconnu. Aussi, à ce jour, aucune pathologie spécifique ne lui a encore été officiellement attribuée.