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8 malades sur dix sont des femmes

Lupus : un traitement potentiel donne des résultats encourageants

Par Johanna Hébert

Le lupus est une maladie assez insaisissable qui aujourd’hui ne se guérit pas encore. Toutefois une molécule, qui n’avait pas fait ses preuves dans une première étude, s’est révélée significative dans la seconde. Les résultats sont publiés dans le New England Journal of Medicine.

Michail_Petrov-96/iStock

Le lupus touche 30 000 personnes en France, dont 90% de femmes. Si cette maladie mystérieuse ne peut pas encore être guérie, un médicament potentiel vient de donner des résultats encourageants. L’étude est publiée dans la revue New England Journal of Medicine.

Une maladie qui peut attaquer tous les organes

Le lupus érythémateux systémique, de son vrai nom, est une maladie auto-immune chronique. En d’autres mots, le système immunitaire s’attaque lui-même. La maladie peut alors affecter la peau, les reins, les articulations, les poumons ou encore le système nerveux. Les symptômes peuvent donc être très variés, ce qui peut poser des difficultés dans la pose du diagnostic. Or, 10% des malades ont un risque de décéder dans les dix années à venir, “ce qui, si vous êtes diagnostiqué au début de la vingtaine, est un résultat terrible”, déplore le professeur Eric Morand, auteur principal de l’étude.

Deuxième traitement possible en 60 ans

À ce jour, un seul médicament a été approuvé pour soigner le lupus depuis… Soixante ans. Il s’agit du Benlysta, admis en 2012. En cause, “l'hétérogénéité de la maladie, la taille ou la durée inadéquate de l'essai, (une) dose insuffisante (…), la manipulation des médicaments usuels et le choix du critère d'évaluation principal”, d'après une étude datant de 2016. Ainsi l’Anifrolumab, celui qui donne aujourd’hui espoir aux chercheurs, n’avait d’abord pas fait ses preuves. Lors du premier essai, les patients ne prenaient pas tous la dose la plus élevée du médicament (300 mg).

Près d’1 patient sur 2 a vu son état s’améliorer

Dans cette seconde étude de phase 3, les résultats ne sont pas les mêmes. D’abord, elle a été menée dans 119 hôpitaux de 16 pays où 362 personnes ont été divisées en deux groupes. Dans le premier, elles prenait l’Anifromulab, à hauteur de 300 mg, et dans le second, elles prenaient un placebo. Au total, 47,8% des patients ont vu leur état s’améliorer avec le médicament, contre 31,5% avec le placebo. Certains critères de la maladie n’ont cependant pas connus d’amélioration, comme le nombre de poussées par an ou les douleurs articulaires.

Des effets indésirables

L’anifromulab est administré par intraveineuse tous les mois. Il s’agit d’un anticorps modifié dans le but de s’accrocher aux interférons 1. Cette molécule est surproduite par 60 à 80% des malades du lupus. Ainsi, en bloquant tous les récepteurs d’interférons 1 sur toutes les cellules, le médicament bloque la réaction immunitaire responsable des symptômes de la maladie. Cependant, des effets indésirables ont été observés. En effet, l’Anifromulab a été associé à une augmentation des infections des voies respiratoires supérieures, et des zonas. Les chercheurs espèrent que la vaccination pourra contribuer à réduire ces risques.