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Autisme : une application pour diagnostiquer la maladie chez les petits

Par Raphaëlle de Tappie

La start-up lyonnaise Sibius a créé une application pour tablette capable d'aider à dépister l'autisme de façon précoce et peu coûteuse. Elle espère pouvoir commercialiser son produit en 2022.

kotanya/iStock

Dans le monde, environ une naissance sur cent est touchée par le trouble du spectre de l’autisme (TSA). Ce trouble du développement se manifeste par des perturbations dans les domaines des interactions sociales réciproques, de la communication et par des comportements, intérêts et activités, au caractère restreint et répétitif. Si le diagnostic est possible dès 18 mois, il est à l’heure actuelle assez compliqué. En effet, il repose sur des symptômes comportementaux instables chez un bébé comme des expressions faciales atypiques ou des interactions sociales inappropriées. C'est pourquoi, la start-up lyonnaise Sibius a créé une application pour tablette capable d'aider à dépister l'autisme précocement, et de façon peu coûteuse. Elle espère pouvoir commercialiser son produit en 2022.

"Actuellement, il n'existe pas de marqueur objectif et simple pour mesurer le fonctionnement neuro-cognitif en pratique médicale courante, comme peut le faire un thermomètre pour la fièvre, le tensiomètre pour l'hypertension", explique la société. À partir du moment où les parents commencent à avoir des doutes, une "longue période d'errance et d'incertitude" s’écoule. En Europe, il faut quatre ans en moyenne avant que le diagnostic ne soit posé, explique Guillaume Bezie, fondateur de Sibius.

L’application a été réalisée grâce aux travaux de l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod (Université Lyon 1/CNRS). Les résultats de ces recherches sont parus le 26 novembre dans la revue Nature. Le jeune patient se voit présenter une image floue sur une tablette qui devient nette quand on passe son doigt dessus. Ce dernier reproduit alors le trajet correspondant à celui que le petit fait naturellement avec les yeux. Ces mouvements sont captés par la tablette et analysés par les logiciels d’intelligence artificielle de Sibius. Si l’enfant est atteint de TSA, il évitera les visages pour se concentrer sur d’autres éléments de la photo, explique l’entreprise.

Une application facturées de 20 à 30 euros par médecin

A l’heure actuelle, Sibius cherche encore 1,7 million d’euros pour développer son produit. Forte de son statut d’entreprise "deeptech" (la technologie découlant directement de la recherche fondamentale), elle espère lever une partie de ses fonds auprès de Bpifrance.

Une fois commercialisée, l’application sera utilisé par des médecins, surtout des orthophonistes, et devrait être facturée de 20 à 30 euros par examen, précise M.Bezie. A terme, Sibius voudrait associer cette méthode à d’autres logiciels pour détecter d’autres troubles neurologiques comme la maladie d’Alzheimer, les commotions cérébrales ou encore les troubles DYS (dyslexiedysorthographiedyspraxie et dyscalculie).  

"Avec Sibius, l'ambition de notre équipe est de développer un biomarqueur numérique du fonctionnement cognitif qui pourra être diffusé largement dans le monde entier. Nous croyons fortement aux bénéfices du digital et de l'IA pour la médecine", explique ainsi Guillaume Bezie en page d’accueil du site de l’entreprise.   

Bientôt une prise de sang pour un dépistage précoce de l’autisme ?

Le diagnostic précoce de l’autisme est un réel enjeu de santé public et de nombreuses études sont régulièrement menées sur le sujet. Il y a quelques mois, des chercheurs américains ont eu l'idée d’examiner les globules blancs dans les prises de sang de 226 garçons âgés de 1 à 4 ans, avec et sans diagnostic de TSA. Ils ont ainsi pu analyser les données d’expression de gènes inhabituellement actifs ou au contraire éteints. Ce faisant, ils ont réussi à identifier un nouveau réseau de gènes lié au développement du fœtus.

"L'étude montre que, grâce aux analyses de l'expression des gènes à partir d'échantillons sanguins ordinaires, il est possible d'étudier les aspects des origines moléculaires fœtales des TSA, de découvrir l'impact fonctionnel de centaines de gènes de risque des TSA découverts au fil des années et de développer des tests cliniques de diagnostic et pronostic de la gravité", se félicitaient les chercheurs qui espèrent pouvoir bientôt diagnostiquer les TSA grâce à une simple prise de sang.

Précédemment, d’autres chercheurs américains avaient également publié une étude visant à faciliter le diagnostic précoce de l’autisme. Ils ont ainsi réussi à identifier un marqueur neurologique de la maladie, non verbal et objectif, montrant que les malades étaient plus lents à passer d’une image à une autre.